2016

19/11/2016

Eric Roussel récompensé pour son ouvrage « François Mitterrand. De l’intime au politique »

Eric Roussel lauréat du Prix Montaigne 2016Éric Roussel est récompensé pour son ouvrage intitulé « François Mitterrand. De l’intime au politique » chez Robert Laffont.

Nicolas de Bailliencourt dit Courcol et Alain JuppéNicolas de Bailliencourt dit Courcol et Alain Juppé

Discours du Grand Chancelier Nicolas de Bailliencourt dit Courcol

Monsieur le Premier Ministre, Maire de Bordeaux, Maître et cher président du jury du Prix Montaigne, Monsieur le Secrétaire perpétuel du Prix Montaigne, Mesdames, Messieurs et chers amis,

Cher Monsieur, nouveau lauréat du prix Montaigne,

Vous nous avez donné à lire un gros ouvrage… certains diront un pavé, mais pas de ceux que l’on jette dans une mare pour faire des vagues. De ceux qui permettent de présenter de façon très exhaustive la vie d’un homme illustre. De façon tellement exhaustive qu’il est impossible de résumer une vie « intime et politique » aussi riche que celle de François Mitterrand.

François Mitterrand aura marqué d’une empreinte forte la Vème République. Sa vie «d’avant » -la guerre de 39-45, les dix années de ministériat dans une IVème République déliquescente, ses nombreux mandats électifs, l’affaire de l’Observatoire et l’on en passe- sa vie donc est un véritable roman dont nous connaissons maintenant tous les ressorts et les péripéties, grâce à vous. Et Il y a tant à dire sur cet homme né d’une famille ancienne de vignerons du Berry ! Un Français de souche comme on dit aujourd’hui.

De la douce Saintonge de Joseph, son père, il est passé au dur Morvan, terre socialiste de toujours qui a servi de socle, de point d’ancrage, à sa carrière politique, à partir de 1946.

Cet homme politique fut aussi homme de lettres : une bonne plume comme on dit, et d’une culture sans faille -«Une journée sans lecture est une journée perdue » avait-il coutume de dire; ajoutant « je lis trois heures par jour ». François Mitterrand avait cet esprit florentin, fort utile pour tenir à sa main un Parti.
Socialiste hétéroclite et remuant, voulant toujours « changer la vie » à défaut de « ré-enchanter le rêve »… et la dent dure lorsqu’il parlait par exemple de notre ancien maire de Bordeaux, remettant aussi volontiers à leur place, avec malice, ses collaborateurs ou ses amis, tel Georges Kiejman, qui au cours d’une escapade à la Roche de Solutré, parlait à tort et à travers de Sainte Bernadette de Lourdes la confondant allégrement avec Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. D’une famille de culture catholique mais non pratiquant lui-même il ne fallait pas lui en compter sur l’histoire religieuse de notre pays. Et ce n’est certes pas lui qui aurait remis en question les origines chrétiennes de la France… Il croyait d’ailleurs aux forces de l’Esprit.

Enfin, il était fidèle en amitiés… jusqu’à défendre l’indéfendable.
« Son antagonisme avec le Général de Gaulle est difficile à cerner » écrivez-vous. C’était peut-être de sa part vouloir rejouer à Napoléon et Chateaubriand ou à Chateaubriand et Napoléon : je t’admire, moi non plus. Admiration et ressentiments voire haine tenace… véhémence des sentiments en tout cas.
Toujours est-il que François Mitterrand s’est glissé avec opportunité et volupté dans sa fonction de chef de l’Etat définie par les institutions de cette Vème République qu’il avait tant vilipendées, et dont il sut finalement tirer le meilleur parti.
Merci pour ce livre passionnant dans la ligne de ce que vous avez écrit sur Pierre Mendès-France, Charles de Gaulle, Jean Monnet, Georges Pompidou et tant d’autres…

Enfin, dans un tout autre domaine, j’en viens au vin qui bien sûr nous passionne à Bordeaux et singulièrement à l’Académie… Je m’interroge : François Mitterrand buvait-il du Bordeaux avec ses ortolans, à Latché ? Je ne saurais le dire, bien sûr…

Mais avouez que c’eut été pour lui l‘occasion d’une délicieuse double transgression… de la loi Evin d’abord, qui nous incommode tant, et ensuite de la loi sur la protection des oiseaux migrateurs.
C’eut été bien dans sa manière de vivre, complexe, savourant la vie avec ardeur, sans peur des contradictions, un sourire fin et énigmatique sur les lèvres, peut-être influencé par quelque Sphinx dans un esprit « retour d’Egypte » ? … mais en homme à la fois de la terre et de la politique, que l’Histoire retiendra sans doute parmi les grands hommes de notre époque.

Toutes nos félicitations vous accompagnent, cher Monsieur, avec ces quelques bouteilles de Bordeaux qui constituent notre Prix, pour lesquelles je vous souhaite large soif entre amis … mais… sans ortolans !

Alain Juppé, Serge Receveur, Eric Roussel, Alain Duhamel, Nicolas de Bailliencourt dit CourcolAlain Juppé, Serge Receveur, Eric Roussel, Alain Duhamel, Nicolas de Bailliencourt dit Courcol

Alexandre de Lur Saluces, Nicolas de Bailliencourt dit Courcol, Mathilde Chevallier, Alain Juppé, Charles Chevallier, Tristan Kressmann, Georges Haushalter, Jean-Pierre Rousseau