15/10/2015

Château Beauregard 2000

Rouge, Pomerol, 2000

Commenté par Maître Martine Moulin-Boudard, Membre d'Honneur de l'Académie du Vin de Bordeaux

DINER-CONFERENCE AU CHATEAU DE FARGUES

Monsieur le Grand Chancelier,
Monsieur le Président de l’Académie GONCOURT,
Cher Alexandre de LUR SALUCES,
Mesdames et Messieurs,

« La dégustation c’est comme le football : Tout le monde peut y jouer »

Telle est la phrase que l’on peut lire en préambule du chapitre « Dégustation » de votre Dictionnaire amoureux du vin, cher Bernard PIVOT.

Cela est sans doute vrai.

Encore faut-il le préciser : il en va des dégustateurs comme des joueurs de football : Il en est de bons mais on en connait aussi de mauvais…

C’est dans ce contexte que je vais tenter de relever le défi qui m’a été lancé, ce soir, par notre Grand Chancelier :

– commenter – en bon français- un vin bordelais – devant un illustre Bourguignon qui plus est, amoureux et fin connaisseur tout autant du vin que de la langue française.

Autant le dire : le péril est grand et ce, tant sur le fond que sur la forme, notre invité ayant récemment confié au J.D.D :
« Une faute de français ne me met pas en colère mais elle me rend triste  »

Attrister le Président de l’Académie GONCOURT ; j’espère savoir m’en garder.

Chateau Beauregard 2000

Vous goûtez actuellement sur le fromage le millésime 2000 du Château Beauregard.

L’histoire du domaine remonte au 12e siècle, époque où les chevaliers de St Jean de Jérusalem, futur Ordre de Malte, avaient aménagé un hospice servant de relais sur la route de St Jacques de Compostelle.

Au 17e siècle une famille Beauregard va léguer son nom au château qu’elle a fait bâtir lequel fut remplacé à la fin du 18e siècle par la très belle chartreuse que l’on peut, aujourd’hui, admirer au milieu de superbes jardins. Elle est l’œuvre d’un élève de Victor LOUIS.

L’édifice est si beau que dans les années trente la famille Guggenheim, référence s’il en est en matière de bon goût, demanda à son architecte américain de bâtir, pour elle, sa parfaite copie sur la presqu’île de Long Island.

Le vignoble de 17 hectares et demi est situé à Pomerol, en bordure sud-est du célèbre plateau de Catusseau sur des graves argileuses et légèrement sableuses.

Vous connaissez tous Pomerol.

C’est une appellation exceptionnelle.

Bien qu’elle soit la plus petite des appellations de Bordeaux (800 hectares) et qu’elle se soit toujours jalousement et finement gardée de tout classement, elle n’en est pas moins l’une des plus prestigieuses de nos grands vins de Bordeaux et l’une des plus recherchées pour ses vins à l’incomparable velouté alliant élégance et intensité.

Nous sommes sur la rive droite sur une terrasse sise au-dessus de l’Isle, affluent de la Dordogne.

Autrefois propriété du Crédit Foncier, le domaine vient, avec trois autres propriétés, d’être racheté par la famille MOULIN, propriétaire du Groupe GALERIES LAFAYETTES – à laquelle appartient Philippe HOUZE qui est membre d’honneur de notre Académie, en partenariat avec la famille CATHIARD que l’on ne présente pas ici.
Daniel et Florence CATHIARD, elle-même Vice-Chancelier de notre Académie, ont su, en peu de temps, hisser au niveau des plus grands leur Pessac Léognan, le château SMITH HAUT LAFITTE.
Ils mettent aujourd’hui leur très grande expertise au service de Beauregard avec le soutien de la remarquable équipe en place qui compte en particulier Monsieur Vincent PRIOU que je tiens, ici, à saluer.

Il manquait à cette propriété un outil de vinification moderne. C’est aujourd’hui chose faite.
Dès leur arrivée les nouveaux propriétaires ont mis en chantier de très importants travaux.
En moins d’une année Beauregard s’est doté de superbes nouveaux chais et d’un cuvier novateur agrémenté de cuves en ciment en forme de gouttes de vin. Tous les outils d’une « star » en devenir.

A Pomerol le merlot est roi.
Il représente 75% du vignoble de Beauregard, les 25% restants étant plantés de Cabernet-Franc.

Parmi les millésimes mythiques, le 2000 figure, bien évidemment, dans le « Loto des millésimes exceptionnels » habituellement « joué » par notre invité ainsi qu’il le confie dans son ouvrage.

Après une fin d’année 1999 dévastée par une terrible tempête de sinistre mémoire, le début du printemps 2000 fut tout à la fois chaud et pluvieux.

Les premières fleurs apparurent dès la mi-mai et la floraison se terminera dans des conditions idéales.

Au mois de juillet, plus frais et plus humide qu’à l’accoutumée, succédera un mois d’août exceptionnellement chaud et sec.

D’où une véraison rapide et homogène et un précoce arrêt de croissance favorisant les sucres et les composés phénoliques nécessaires à l’élaboration d’un grand vin.

Vous avez remarqué sa robe profonde qui commence à tuiler sur le verre.

Le nez intense aux parfums de fruits confits, de violette, de fruits rouges et de mûres, légèrement vanillé, est particulièrement distingué.

En bouche, la structure est puissante et très équilibrée.

Ce millésime d’anthologie exprime magnifiquement la personnalité des vins du Château de Beauregard par leur fraîcheur et leur très grande élégance, qualités caractérisant parfaitement les grands vins de POMEROL

Je suis certaine qu’il saura vous séduire.

Martine Moulin-Boudard