Château Branaire-Ducru en magnums 1995
Rouge, Saint-Julien, 1995
Commenté par Jean-Bruno Cantorné, Maison Veyret Latour
LE VIN SUR LE DIVAN « Des représentations sociales aux représentations intimes, le vin, inestimable objet de la transmission »
Monsieur le Préfet,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureux de me livrer à cet exercice, pour la première fois, avec un château que j’aime beaucoup, le Château Branaire-Ducru.
Aujourd’hui quatrième cru classé de Saint-Julien, le Château Branaire-Ducru devint une parcelle indépendante du domaine de Beychevelle au XVIIe siècle. Il fut acquis en 1680 par Jean-Baptiste Branaire qui fut le premier propriétaire.
Ses descendants, les Duluc, construisent le château actuel en 1824. La propriété est passée ensuite entre les mains de la famille Ducru. Depuis 1988, la famille Maroteaux est propriétaire du château qui est présidé par Patrick Maroteaux et dirigé par Monsieur Dominique Videau.
À deux pas de l’estuaire, sur la commune de Saint-Julien, le vignoble fait 50 hectares de sol graveleux sur argile profonde. Il est planté, comme traditionnellement en Médoc, de 70 % de cabernet sauvignon, 22 % de merlot, 5 % de cabernet franc et 3 % de petit verdot. L’âge moyen du vignoble est de 35 ans.
Une spécificité du vignoble : depuis la reprise en main par la famille Maroteaux, le vignoble est complanté avec des plants issus des sélections massales réalisées avec les vieilles vignes du château. Depuis 1988, la famille Maroteaux développe une politique orientée vers la grande qualité. Les vins sont produits dans un cuvier très moderne fonctionnant par gravité et vieillissent de 16 à 22 mois en fûts de chêne (environ 50 % sur les millésimes) avec un collage au blanc d’œuf à l’issue du vieillissement. Jacques et Éric Boissonneau sont œnologues conseils.
Un deuxième vin est produit, Duluc de Branaire-Ducru, issu de jeunes vignes. La production totale du cru est d’environ 275 000 bouteilles.
Parlons du millésime 95 que nous avons la chance de déguster. De façon générale, les mois de mai, juin et juillet sont beaux et parfois très chauds. On enregistre des chaleurs caniculaires, en 1995, et un début de sécheresse. Pour le mois d’août, il est noté, dans le superbe ouvrage De l’air du temps par le Bureau Tastet-Lawton, que ce mois d’août est l’un des mois les plus chauds et les plus secs depuis cinquante ans. Après un début de septembre un peu pluvieux, le soleil s’installe à partir du 20 septembre et les vendanges se passent en général très bien.
Le Château Branaire-Ducru 1995 que nous dégustons ce soir a pour assemblage de cépages : 56 % de cabernet sauvignon, 40 % de merlot et 4 % de cabernet franc. Il se présente avec une superbe robe pourpre, brillante, limpide.
Son nez est aujourd’hui ouvert avec une plénitude de notes de cerise et de cuir. Son attaque est souple et soyeuse. Les tannins sont délicatement évolués. On a beaucoup de plaisir à le déguster maintenant et je pense que, pendant quelques années, il restera aussi beau et généreux.
J’aime beaucoup, quand je déguste un vin, comparer ma dégustation à une histoire qui m’est contée. J’emprunte les mots de Monsieur Maroteaux pour dire que « l’histoire de Branaire-Ducru est écrite, voulue et consacrée au plaisir ». Nous en avons la preuve ici.