Château Cheval Blanc 1995
Rouge, Saint-Emilion, 1995
Commenté par Monsieur Nicolas de Bailliencourt dit Courcol
Déjà un an que notre Grand Chancelier Alexandre de Lur Saluces me confiait la responsabilité de le remplacer. Il était évident que pendant les treize année de sa présidence, il avait tellement bien animé et organisé notre Académie qu’en fait, je n’avais qu’à continuer…
Le Château Cheval Blanc avec son élégante bâtisse du début du 19ème siècle et sa chapelle du style « troubadour », a longtemps appartenu à la famille Faucault-Laussac, avant d’être cédée en 1998 à Monsieur Bernard Arnaud et au Baron Frère, ses actuels propriétaires.
Le vignoble dirigé d’une main de maître par Monsieur Pierre Lurton, couvre 37 hectares d’un seul tenant.
De façon assez exceptionnelle dans notre région, c’est ici le Cabernet Franc qui domine avec quelques 60% de la surface plantée, le reste du vignoble étant planté en Merlot.
La vigne a toujours été présente sur ce terroir d’exception qui représente en quelque sorte une continuité géologique et pédologique avec le plateau de Pomerol. L’Evangile, autre propriété de Monsieur Albert Frère et de la famille de Rothschild, est en effet située à quelque centaine de mètres au bout de l’allée qui s’en va à travers les vignes vers le couchant.
C’est donc un sol d’argile, de sable et de graves parfois profondes provenant de l’Isle, rivière toute proche, résidus de la fonte des glaciers de la période du Günz au début du quaternaire qui agencé en strates multiples, constitue le terroir de Cheval Blanc : un sol pauvre, en somme, comme il en faut pour faire de grands vins.
Au risque de faire frémir d’envie nos chers compagnons de la rive gauche, il se dit souvent que les vins de Cheval Blanc représentent, dans les meilleurs millésimes et pas seulement en 1947, ce qu’il y a de mieux à Bordeaux : un vin tout en longueur, en élégance et en finesse, très loin, dans son approche œnologique, de ce qui a pu se faire au cours des récentes décennies, pour contenter des consommateurs riches, impatients et ignares.
Certes, le millésime 1995 est une réussite générale à Bordeaux mais il l’est particulièrement à Cheval Blanc.
Il faut dire que chaque année, en mai, on fêtait alors dans la chapelle de la propriété les rogations, prières adressées à Dieu pour le remercier de ses bienfaits et demander sa bénédiction pour la récolte à venir.
Il semble que notre Seigneur se soit montré particulièrement attentif à notre supplique en 1995.
Grâce lui soit rendue.
Bonne dégustation.