19/05/2006

Château La Conseillante 1996

Rouge, Pomerol, 1996

Commenté par Jean-Marie Garde

« La France et le Japon : Terres de tradition et d’échanges culturels »

C’est un très grand honneur pour moi de commenter ce Château La Conseillante.
Il est certain qu’il faut parler d’histoire quand on parle de nos vins car il y a une part de rêve. Mais il est nécessaire également de parler de géographie.
La géographie est à la base de nos appellations d’origine contrôlée. Il y a un terroir à la base de tous vins.
Le Château La Conseillante est situé à la limite frontalière avec Saint-Emilion. Les veines de terres ne s’arrêtent pas comme çà et peuvent se prolonger. Il y a des vins côté Saint-Emilion qui ont quelques points communs avec La Conseillante si ce n’est que l’homme est intervenu, notamment par le choix de l’encépagement.
Côté Pomerol, le cépage dominant est le Merlot. Dans La Conseillante, il y a 80% de Merlot et 20% de Cabernet Franc. C’est la typicité Pomerol.
De l’autre côté, il y a une majorité de Cabernet Franc. Là est la différence.

Quant à l’histoire, La Conseillante a été marquée par de fortes personnalités. Au milieu du 18ème siècle, Catherine Conseillante, marchande de fer, qui habitait la ville de Libourne, a hérité de ce domaine qui était une métairie où il y avait quelques pieds de vignes et beaucoup de céréales. Elle a transformé cette métairie en un vignoble et y a aménagé une maison d’été. On appelait cela une « résidence de vendanges » car on y venait à l’époque des vendanges. D’autres crus limitrophes ont développé ce concept : le Château Certan qui appartenait, à l’époque, à la famille de May de Certan, et le Château Trotanoy qui appartenait à la famille Giraud. Ils furent les précurseurs de cette révolution viticole.

Les années ont passé et la famille Nicolas en est devenu propriétaire autour des années 1870. Le premier propriétaire du Château La Conseillante fut Louis Nicolas. Nous saluons aujourd’hui la présence parmi nous de son arrière petite fille. Louis Nicolas fut mon prédécesseur. Il a créé, en 1900, le Syndicat Viticole de Pomerol qui était une association de l’ensemble des propriétaires de l’aire d’appellation limitée Pomerol, (A.O.C. à partir du décret-loi 1935) dont je suis l’actuel Président. Je suis très ému d’évoquer son souvenir. J’attire votre attention sur l’étiquette du Château La Conseillante sur laquelle nous voyons les lettres L N, initiales de Louis Nicolas, fondateur de la dynastie toujours présente aux commandes de La Conseillante et qui fait toujours ce vin dans l’esprit propre à La Conseillante.

C’est assez extraordinaire de déguster un 1996 de la rive droite. A l’époque quand 1995 est né, on a dit « c’est un vin de la rive droite » et 1996 « c’est plutôt un vin de la rive gauche », or aujourd’hui, ironie du sort, ce sera après mon commentaire, un vin du Médoc qui vous sera présenté dans le millésime 1995. Tout ça pour dire qu’en fin de compte, quand l’année est bonne, elle est bonne pour tous les vins rouges de la Gironde.En regardant la couleur de ce vin, on remarque une couleur très vive et très intense. Quand on commence à l’humer, on retrouve ces connotations très spécifiques du merlot avec dans le sol cette présence de crasse de fer, d’oxyde de fer, qui donnent ces nuances ferrugineuses de fruits rouges.Nous trouvons aussi dans ce millésime 1996 une très belle charpente. C’est un vin très bien structuré, beaucoup de velours et de soyeux, très représentatif des Pomerols et plus particulièrement de La Conseillante. Je vous souhaite une très bonne dégustation.