11/12/2009

Château Cos d’Estournel en impériale 1985

Rouge, Saint-Estèphe, 1985

Commenté par Jean-Bernard Delmas, Château Montrose

Avec la participation des musiciens de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine et la collaboration de Musique au Coeur du Médoc

Il m’est très agréable de venir parler devant vous ce soir d’un vin de Cos d’Estournel et plus particulièrement le 1985. Je dois vous dire que si j’ai passé la plus part de ma vie à Haut-Brion, j’ai toujours eu à Saint-Estèphe de la famille.
Mon père en premier lieu a commencé sa carrière viticole, ici même, à Cos d’Estournel. Il était l’adjoint d’un maître de chai, haut en couleur et très compétent. Son caractère affirmé n’était pas toujours facile à vivre, et monsieur Fernand Ginestet, le propriétaire d’alors, proposa à Monsieur Gibert, le propriétaire de Haut-Brion, la candidature de mon père. Il y rentra en 1922 et pris sa retraite en 1961. J’avais également un oncle et une tante, qui ont  travaillé une grande partie de leur vie à Cos d’Estournel, et je crois même que mon oncle succéda mon père lorsqu’il partit pour Haut Brion. Et une autre tante et son mari ont travaillé à Montrose toute leur vie. C’est dire que le secteur, je le connaissais un peu, et c’est donc un plaisir en raison de ces souvenirs de m’y trouver ce soir.
Nous venons de visiter ce soir une installation moderne telle qu’on peut en voir, j’en suis sûr, très peu dans le monde, et peut-être aucune à ce niveau. Cela me rappelle une installation certes plus modeste mais assez nouvelle elle aussi : c’était un cuvier en acier inoxydable. Une première dans le Bordelais. Et je veux vous dire, cher Jean-Guillaume, que des critiques, j’en ai entendues. Une laiterie dans le vignoble ! J’en passe et des meilleures. Si vous avez de telles critiques, car vous en aurez, ne vous inquiétez pas. De toute façon le terroir est là, et il continuera à parler comme dans le passé. Quelques soient les équipements, rien ne remplacera votre doigté, votre réflexion, et votre habileté personnelle à faire un grand vin. Cette installation pourra vous aider mais ce n’est pas elle qui fera le grand vin. C’est vous !

1985

L’année 1985 avait commencé plutôt fraichement… Il y a eu une période très froide mais plutôt courte en Février (d’une dizaine de jours). Il fit plus froid qu’en 1956, mais il n’y a eu que peu de neige, alors qu’en 1956 il y en a eu 1m environ. La température en 1985 dans le Bordelais était descendue entre -18°C et -22°C.
Mais globalement, l’année fut humide au printemps avec une journée très pluvieuse début Mai (50mm de précipitation dans la journée) !
L’été fut sec, quelques pluies éparses en Juillet et pratiquement pas de pluie en Août et en Septembre. Cette sècheresse avait même entrainé un flétrissement assez marqué des raisins mais quelques jours un peu humides (comme le marin en Méditerranée) permirent de faciliter la maturité. Les vendanges ont eu lieu entre le 26 Septembre et le 11 Octobre dans des conditions quasi-parfaites.
L’assemblage de ce vin est : 60% Cabernet Sauvignon et 40% Merlot

Le Vin : Belle couleur, peu évoluée dans ce flacon de 6 litres. A l’attaque, le vin emplit bien la bouche, la première sensation est celle d’un vin souple encore très fruité et d’une bonne fraicheur. Le milieu de bouche est ample, complexe et fin, le boisé est discret, la finale est longue avec ces notes de réglisse, de fruits rouges et noirs, témoin d’une bonne maturité. On est à Cos, à Saint-Estèphe, et nul doute à Bordeaux. Excellente bouteille dans ce grand millésime.