Château Coutet 1989
Blanc liquoreux, Sauternes, 1989
Commenté par Monsieur Yves Glories
C’est un grand honneur pour moi de présenter ce Coutet 1989. Bien que naturellement, je ne sois pas trop spécialiste des liquoreux, mais après tout, les liquoreux se conservent et s’élèvent comme des vins rouges. Il y a quand même une certaine analogie.
Sur un plan historique, on retrouve des traces du Château Coutet pendant la guerre de Cent Ans. C’était un genre de manoir féodal dont il reste encore des vestiges, une tour, un clocher, une église, une chapelle. De plus, il semble qu’il y ait eu des habitations dans le secteur qui servaient de halte aux voyageurs de Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est un vignoble qui est ancré dans l’histoire du vignoble bordelais. On a des traces de ce Château avant la Révolution, après la Révolution, la famille de Lur Saluces ayant récupéré une partie de ce Domaine. Depuis les années 1970, les nouveaux propriétaires excellent dans l’élaboration de ce produit.
Ce Château Coutet, qui est un Barsac, a le gros avantage de l’appellation Barsac, c’est de pouvoir avoir deux appellations. Les mauvaises langues disent que les bonnes années, on garde l’appellation Barsac et que les années plus difficiles on daigne mettre l’appellation Sauternes. Mais, ce ne sont que des mauvaises langues. Nous sommes dans une très bonne année, effectivement 1989, est une année remarquable. C’est une année remarquable sur un point de vue climatologie avec une floraison relativement précoce, également une maturation qui s’est faite assez rapidement en raison de la chaleur du mois de
juin, plus un développement de pourriture qui a été consécutif à une humidité importante pendant la période réservée, c’est-à-dire la période du mois de septembre. Les vendanges se sont passées en plusieurs tris depuis le début septembre jusqu’à la fin d’octobre. Ces différents tris ont conduit à un nectar que l’on va pouvoir commenter. Ce vin est caractérisé par une couleur extraordinaire, un jaune très intense, et surtout il est caractérisé par des arômes d’abricot, légèrement miel. Le miel arrive petit à petit à l’agitation. Au premier nez, on est très frappé par les caractères abricotés de ce vin. On a une très grande complexité aromatique, et en bouche, on est surpris par la puissance de ce vin et l’élégance. Ce 1989 est marqué par une puissance aromatique, une puissance également alcoolique. C’est qu’il y a un très bon mariage entre l’alcool et le sucre. Il n’y a pas une superposition sucre d’un côté, alcool de l’autre. Au contraire c’est un vin qui se marie parfaitement bien.
C’est un très grand vin qui actuellement se goûte remarquablement bien, mais qui a un avenir encore relativement important et pourra se goûter encore dans quelques années.
On a fait beaucoup d’essais sur la position de ces vins liquoreux par rapport au menu. Doit-on le mettre en apéritif ? Doit-on le mettre en dessert ? Il est certain que lorsqu’on a fait un vin de ce type là, si on le met en apéritif, on a un palais qui est complètement voilé par sa puissance. Quand on passe ensuite à un rouge, ou encore plus à un blanc sec, on est complètement perdu.
Il s’agit de trouver le dessert qui s’accorde le mieux avec ce vin et qu’il y ait un bon équilibre comme ce plat qui l’accompagne à savoir ce chocolat fondant aux fruits de la passion qui est un mariage parfaitement équilibré.