09/11/2010

Château De Fargues 1999

Blanc liquoreux, Sauternes, 1999

Commenté par May-Eliane de Lencquesaing, Académicien du Vin de Bordeaux

Maître, Chers amis,

Permettez-moi de vous présenter le Château de Fargues 1999.

L’Histoire et l’Esprit

« La plus ancienne tradition nous nomme HOMOSAPIENS, latinisme qui, à la lettre signifie l’Homme qui goûte et sent, qui apprécie la sapidité d’un mets ou d’un vin de qualité ». On retrouve dans ces lignes le phrasé de notre ami académicien Michel Serres, son humour aussi et une vision correspondant si bien à l’histoire de Fargues : Homosapiens.

En remontant le temps, Fargues apparaît au début du 14ème siècle, en 1306 exactement, dressant ses hautes murailles dans le paysage sauternais. C’était au temps de Raymond Guilhem de Fargues, neveu du Pape
Clément V, Bertrand de Goth. L’Aquitaine était anglaise.
Mais en 1687, au lendemain de la Fronde pendant le règne de Louis XIV et à la veille de la reddition de l’Edit de Nantes, alors que Colbert agrandissait le château Trompette, développait le trafic portuaire et le commerce maritime, pendant cette période prospère de développement des campagnes, de la polyculture et des vignobles, les flammes détruisaient le château de Fargues, sans en détruire heureusement la longue histoire, la mémoire et l’esprit.
Aujourd’hui, Fargues, qui est dans la famille Lur Saluces depuis plus de 500 ans, est bien vivant.
Domaine de 170 ha principalement de polyculture, le vignoble de 15 ha bénéficie d’un terroir graveleux reposant sur un sous-sol profond argilo graveleux. Il est planté de Sémillon pour 80% et de Sauvignon pour 20%. Alexandre de Lur Saluces, qui a été notre Grand Chancelier pendant 13 ans, veille avec l’exigence qu’on lui connaît sur le vignoble, sur la vinification et sur l’élevage rigoureux de ce vin rare et recherché.
Il sait, que la noblesse du vin est due à sa spécificité, qu’il est matière et esprit.

Ce 1999 que nous dégustons ce soir sur un ananas rôti, acidulé, glacé, nous rappelle les conditions climatiques de ce millésime marqué par de fortes chaleurs à la St Jean, une canicule en juillet et une vendange précoce commencée le 9 septembre, quelques pluies réactivant le botrytis. Les moûts sont riches, au nez d’agrumes et d’abricot, de vanille légèrement épicée aux notes de muscade et de thym, dense et frais au palais, sans aucune lourdeur, ce 1999 réjouit cet heureux moment que partage ce soir notre Académie.
Jean Kressmann écrivait : « dans une bouteille de vin, il y a plus d’histoire que de géographie ».

Merci Alexandre.