13/11/2008

Château La Dominique en magnums 1998

Rouge, Saint-Emilion, 1998

Commenté par May-Eliane de Lencquesaing

LE VIN SUR LE DIVAN « Des représentations sociales aux représentations intimes, le vin, inestimable objet de la transmission »

Monsieur le Préfet,
Chers amis Académiciens,

Quelle joie de vous présenter aujourd’hui dans ce beau cadre de la Préfecture de notre Région Aquitaine, ces magnums du Château la Dominique 1998.

Joie pourquoi ?

Joie parce que le château la Dominique nous rappelle le XVIIIème siècle, le grand développement de Bordeaux dont nous sommes si fiers, son architecture, sa vie parlementaire, ses vignobles, ces îles lointaines en particulier celle de Saint Domingue. A l’époque, un riche marchand commerçait entre Bordeaux et St Domingue. Il a désiré donner au vignoble qu’il créait à St Emilion le patronage de St Dominique, en souvenir de la beauté des îles, de ses années de négoce, de travail et de risques. Aujourd’hui La Dominique est un symbole vivant de tout cela, parce que ce gentilhomme, en créant ce vignoble lui a donné « la vie ».

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Et aujourd’hui la Dominique est entre les mains de notre ami Clément Fayat.

Lui aussi est un créateur, il donne la vie à toutes ses entreprises : bâtiments, travaux publics, routes, barrages, constructions métalliques, électricité industrielle, informatique, matériel routier : 80 entreprises – 12 000 employés. C’est impressionnant de créer de tels secteurs d’activité et d’emplois.
Cette réussite professionnelle étonnante, restée totalement familiale, s’accompagne d’une grande modestie – j’aimerais ajouter d’une « sérénité » qui puise ses racines dans un bon sens hérité de sa Terre corrézienne.
Je passerai donc sous silence quelque unes de ses responsabilités et titres, mais cependant en rappellerai certains : Président du Tribunal de Commerce de Libourne de 1985 à 1995, Conseiller à la Banque de France de 1974 à 2002, Conseiller du Commerce Extérieur de 1981 à 1996, Administrateur du Port autonome de Bordeaux depuis 1999 et bien d’autres reconnues par de nombreuses distinctions : Commandeur de l’Ordre National du Mérite, Officier de la Légion d’Honneur ; il a reçu en 1993 le Trophée international de l’Industrie à Genève, et le Harvard Business School lui a décerné en 1995 la « victoire des autodidactes » . En 2007 il a reçu le grand prix des « entreprises patrimoniales et familiales » décerné par la SMEP et son Président Yvon Gattar.

Cette étonnante réussite d’entrepreneur et d’homme d’affaire n’a pas détourné Clément Fayat, bien au contraire, de la terre et de la vigne. Il sait que le vin est un messager et un rassembleur. Il sait que chaque millésime est une nouvelle aventure. Il achète donc La Dominique à St Emilion en 1969, puis le Château Clément Pichon, anciennement Château de Parempuyre en 1976, ensuite les Prieurs de la Commanderie et la Commanderie de Mazeyres en 2000. Il sait que le vin est essentiellement un messager et un rassembleur.

La Dominique est aujourd’hui un vignoble de 23 ha situé à St Emilion et proche de Pomerol. Situé sur un terroir de graves profondes, planté de 86% de merlot, 12% de Cabernet Franc, de 2% de cabernet Sauvignon. Ces vins sont vinifiés avec le plus grand soin.

Voici le millésime 1998 en Magnum, accompagnant un mignon de veau aux mousserons. Quelle joie de le découvrir ce soir. 1998 un millésime étonnant, fait de contrastes, heureusement un mois d’avril exceptionnellement pluvieux, bon pour les nappes phréatiques heureusement. Suivi des mois de mai et juin de très grande sécheresse, et d’une vague de chaleur au début du mois d’août (40°c) la vigne souffre, les feuilles sèchent, la fonction chlorophylliene est menacée, la maturité s’étale selon les cépages. Une pluie rafraîchissante au début du mois de septembre amène les mouts de ce millésime à une densité tannique et soyeuse, des arômes très proches du fruit, à un grand équilibre dans la durée.
C’était il y a dix ans.

C’est la joie du partage aujourd’hui.

Merci de votre attention.