31/03/2015

Château d’Yquem 1985

Blanc liquoreux, Sauternes, 1985

Commenté par Aymar de Baillenx, Château Beychevelle

Dîner de gala dans le cadre de la semaine des Primeurs à Bordeaux

Château d'Yquem

L’histoire d’Yquem se lit comme un roman : une fresque épique de plus de 4 siècles, riche d’évènements et de personnages hauts en couleur.
Le domaine au moyen Age appartenait au roi d’Angleterre, alors Duc d’Aquitaine.
En 1593, un siècle et demi après Castillon, Jacques Sauvage se voit octroyer les droits de simple tenure d’Yquem ; soins particuliers de la vigne et vendanges tardives étaient déjà en usage à cette époque. La famille Sauvage entreprend alors la construction du château et constitue, par étapes le vignoble actuel. Anoblie par Louis 14, les Sauvage deviennent propriétaires de plein droit.
Joséphine de Sauvage d’Yquem épouse en 1785 Louis Amédée de Lur Saluces. Il décède très vite d’un accident de cheval ; la jeune veuve fera alors preuve d’un talent rare dans l’administration de son domaine, dont la production est déjà fort appréciée des grands amateurs de l’époque.
Son petit-fils, Romain Bertrand de Lur Saluces, fait alors accéder Yquem au rang de véritable mythe.
Dans la classification de 1855 établie à la demande de Napoléon 3 pour l’exposition universelle de Paris, Yquem est élevé au rang de seul et unique premier cru supérieur.
Dans la deuxième moitié du 19ème, Yquem connait une longue période de prospérité, ses clients sont toutes les cours royales et impériales d’Europe ; le Japon même, découvre les plaisirs des vins d’Yquem.
Vinrent ensuite des épisodes beaucoup plus tragiques : crise du phylloxéra, la grande guerre, pendant laquelle le château est transformé en hôpital militaire. De retour de l’horreur des tranchées Bertrand de Lur Saluces, prend en mains le domaine pour une épopée d’un demi-siècle.
Président de l’Union des Crus Classée de Gironde pendant 40 ans, il participe à la détermination de l’AOC Sauternes et est l’un des principaux promoteurs de la mise en bouteilles au château, garantie d’authenticité.
A sa mort en 1968, c’est son neveu Alexandre qui est aux commandes .Les débuts ne sont pas faciles, mauvaises années, crise du négoce, et importants droits de succession fragilisent Yquem.
De meilleures récoltes pendant les années 80 permettent de redresser la barre et de réaliser de nouveaux investissements ; Niveau d’exigence et technicité sont alors, encore plus grands que par le passé.
Au tournant du millénaire, sous l’impulsion de Bernard Arnault, Yquem est acquis par LVMH.
113 ha de vignes, 80% en Sémillon, riche et séveux qui fournit charpente et volume, le reste en Sauvignon, plus précoce, qui complète le vin par sa finesse et ses arômes.
Des rendements très faibles 9 hl / ha …au mieux !, certaines années pas de Grand Vin du tout !
Yquem c’est aujourd’hui un savoir-faire exceptionnel à la vigne, à la vendange, aux chais et dans la mise en scène des vins à la propriété et dans le monde  sous la direction de Pierre Lurton et de sa remarquable équipe.

C’est un 1985 qui est servi ce soir, pour notre plus grand plaisir.

January 1985 was the coldest experienced since 1956, but this did not damage the d’Yquem vines
Weather during growing season was normal, except sharp contrasts between wet and dry periods.
Early October the grapes were ripe but the lack of rain prevented botrytis from developing, and virtually no grapes were harvested in October.
The first half of November was still dry, and temperatures dropped significantly and it became obvious that grapes with little or no botrytis were not going to develop any further and could not be used for chateau d’Yquem.
So they were picked immediately to produce Y
Early December temperatures increased and the weather remained dry; the grapes still in the vineyards ripened fully and finally became concentrated.
Over 50% of the grapes were harvested during the first half of December, making it the latest harvest, ever, at chateau d’Yquem.
Un millésime extra ordinaire donc par  la durée de ses vendanges, près de trois mois!!
Un vin qui n’a peut-être pas la profondeur d’un très grand millésime mais qui nous charme, ce soir, par son gras, sa fraicheur, et ses délicats arômes de prune, de résine, de confit d’épices et de safran.