11/12/2009

Château Figeac en jéroboam 1989

Rouge, Saint-Emilion, 1989

Commenté par Jean-Paul Jauffret, ancien négociant en vin, Président d'honneur de Vinexpo

Avec la participation des musiciens de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine et la collaboration de Musique au Coeur du Médoc

« Objets inanimés avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer » Si le poète avait connu Figeac, il lui aurait certainement dédié cette phrase.
Car Figeac a une âme et quelle âme ?
Elle le doit en premier à ses propriétaires exceptionnels, par leur disponibilité, par le charme de Madame Manoncourt, par la compétence et la passion de Thierry qui, je le rappelle, était à son époque l’un des très rares « agros » dans notre profession.
Cette passion, il l’a transmise à son gendre et à sa fille, Monsieur et Madame d’Aramon ; cette âme on la retrouve dans cette magnifique demeure avec son parc et puis avec la situation de ce vignoble ; cette croupe magnifique qui domine son ancienne ferme ; rappelez- moi son nom…ah oui elle s’appelle Cheval Blanc.
Figeac partage en effet ses terrains d’exception avec son illustre voisin : terrains, qui dit-on, sont des petites graves de quartz provenant des calcaires du massif central. Il fallait qu’ils aiment bien Figeac ces quartz pour faire un aussi long voyage !
Enfin l’âme de Figeac, c’est surtout l’originalité de son encépagement ; une très grande majorité de cabernet, pourcentage certainement le plus important de Saint-Emilion ; ce qui permet d’élaborer un vin très personnalisé et un peu atypique de cette appellation.
Il facilite le diagnostic des dégustateurs à l’aveugle qui se trompent régulièrement mais avec Figeac ils peuvent parfois triompher grâce à ses arômes particuliers et à son élégance.
C’est ce que vous avez tous reconnu dans ce 89 en jéroboam.
Que ce vin a bien vieilli ; il a quand même 20 ans ! Certains diront que c’est dû à l’importance du flacon, pourquoi pas ? C’est dans tous les cas ce que l’on dit régulièrement à Bordeaux. Pourtant après 40 ans de métier, je n’ai encore jamais participé, pour en être certain, à une dégustation du même vin de la demi bouteille à l’Impérial ! A 80 ans j’ai encore beaucoup à apprendre. Aussi si certains parmi vous sont tentés par l’expérience, je suis à leur disposition !
Quoi qu’il en soit ce 89 est magnifique d’équilibre ; c’est le vieux Bordeaux de classe que l’on aime et que l’on vénère !
N’étant pas un spécialiste du vocabulaire imagé de certains, je reprendrai leurs propos « bouquet d’olive et d’herbe sèche, de vanille et de petits fruits, corsé en bouche avec des tannins arrondis » fin de citation.
E finalement le poète avait tort ! Figeac n’est pas un objet inanimé, bien au contraire, grâce à ce magnifique ensemble, terroir et famille, il évolue sans cesse vers la perfection et pour notre plus grand plaisir.