01/06/2005

Château Giscours 1995

Rouge, Margaux, 1995

Commenté par Jacques-Olivier Gratiot

Déjà un an que notre Grand Chancelier Alexandre de Lur Saluces me confiait la responsabilité de le remplacer. Il était évident que pendant les treize année de sa présidence, il avait tellement bien animé et organisé notre Académie qu’en fait, je n’avais qu’à continuer…

Je suis très sensible d’avoir à vous présenter ce qui dans nos verres symbolise une œuvre de culture et d’émotion : le Château Giscours 1995.
Qui ne connaît pas cette splendide propriété ?
Mentionnée pour la première fois en l’an 1330, elle commence un voyage de gloire à travers l’histoire.
Oui, nos châteaux sont de magnifiques vaisseaux qui traversent l’histoire, conduits par de grands capitaines.
Je retiendrai ici les plus signifiants. Après avoir été apprécié par les papilles du Roi Soleil, il fut réquisitionné par les sans-culottes au Marquis de Saint-Simon, puis acheté par Michel Jacob, enfin, acquis par le Comte de Pescatore, grand banquier qui, en 1847, lui offrit un joyau de pierre en vue de recevoir l’Impératrice Eugénie.
En 1855, la qualité du vin est reconnue puisqu’on lui attribue le rang de 3ème Grand Cru Classé de Margaux.
Après la seconde guerre mondiale en 1952, un homme de racine et de cœur, Nicolas Tari et sa famille va conduire ce Cru avec énergie vers l’ambition de l’excellence.
Depuis 1995, Monsieur Eric Albada Jelgersma prend avec rigueur la présidence de ce patrimoine et relance, avec une nouvelle équipe, une ère de rénovation du vignoble et de rayonnement de l’image dans les nouveaux marchés.
Les 85 hectares du vignoble de Giscours sont ancrés au cœur de l’appellation Margaux sur quatre croupes dominantes dont le terroir scintille de ces merveilleuses perles de graves ensoleillées assises en profondeur sur des sables et des calcaires stampéens.
Voyez-vous, pour exprimer son talent, l’artiste compose sa palette, de même à Giscours : vigneron, maîtres de chais, œnologue ont sélectionné dans un savoir faire ancestral et audacieux, le découpage des 48 parcelles assemblées au cépage, 40 % Cabernet Sauvignon, 60 % Merlot, pour construire la complexité des harmonies et faire naître ce millésime 1995 que nous dégustons ensemble.
Oui, nos grands vins sont des êtres vivants. Alors écoutons ce que nous dit le 95 de Giscours et vivons le plaisir et l’émotion.
Tout d’abord, la traversée de l’année telle que nous le raconte l’air du temps :
Juillet, août, septembre, toujours beau temps,
13 septembre, début des vendanges à Giscours, temps couvert,
20, 22, beau temps,
24, idéal,
27, très beau, fin des vendanges.

Belle croisière !

Aujourd’hui, il se présente à nous,
Au sommet du bel âge, sa prestance est bien fière,
Ses teintes de lumière, rouge profond à tes lèvres, d’améthyste parure, il prolonge en sous-bois des arômes d’automne aux musiques si douces,
Son corps robuste et franc, ses tannins généreux finement dessinés,
Ses notes métissées, cacao et coriandre, légèrement grillées abreuvent nos palais de rêves ensoleillés !
Sa mémoire nous revient, élégante et sensuelle dans la noble harmonie des vigueurs minérales,
Goûtes alors les figues sauvages, tes versants atlantiques et descends au jardin cueillir les saveurs du jour des derniers fruits.

Quel panache ! Quelle jeunesse !

De ce très beau voyage d’émotion à travers l’art du goût partagé en votre compagnie, je ne dirai qu’une chose : merci Giscours ! !