Château Latour Martillac 1996
Blanc sec, Pessac - Leognan, 1996
Commenté par Jérôme François
« La situation actuelle de la Chine dans les domaines économiques, scientifiques, culturels et la coopération entre la Chine et la France »…
Tout d’abord, permettez moi de remercier Olivier Bernard qui a choisi de faire appel à un Bourguignon pour commenter le deuxième vin blanc de cette soirée. Qu’il se rassure,
j’avais commencé à trahir ma bourgogne natale, il y a quelques années, en acceptant bien volontiers du reste, d’être intronisé, à la commanderie de Sauternes /Barsac, et ce soir après l’éloge de ce grand vin blanc de Bordeaux, je risque fort d’en être définitivement banni.
Et bien oui ! Que les Tastevins, les Charlemagnes et autres Cortons me pardonnent, Bordeaux produit aussi de grands vins blancs !
Et c’est dans les Graves et plus précisément à Pessac- Léognan qu’ils se situent.
Le château Latour Martillac dont j’ai le plaisir de vous parler ce soir est un Cru classé en 1953.
Quelle lourde tâche et quelle prétention de vouloir en faire l’éloge lorsqu’on sait qu’il appartint aux Montesquieu et qu’une légende locale voit dans sa Tour les premières défenses du Château de La Brède !
Il appartient depuis 1929 à la famille KRESSMAN dont l’histoire se confond avec celle des grands vins de Bordeaux et aujourd’hui encore, Loïc et Tristan KRESSMAN, président aux destinées de cette magnifique propriété de 38 hectares dont environ 10 hectares sont plantés en blanc.
Une production de vin blanc de 4 à 5000 caisses par an, 4600 caisses pour le 1996 d’un subtil assemblage de 63% de sémillon, 35% de sauvignon et de 2% de Muscadelle pour des vignes âgées d’une quarantaine d’années.
Les vendanges sont réalisées manuellement avec de nombreux passages. Elles ont débuté autour du 4 septembre pour les sauvignons à la fois très mûrs et très vifs, d’une belle richesse aromatique, et des semillons ramassés jusqu’au 19 septembre avec une maturité exceptionnelle comme c’est souvent le cas les grandes années.
Mais la vigne ne fait pas tout et l’alchimie serait encore incomplète si l’on ne s’intéressait pas au travail du chai.
Tradition et modernité résument les soins apportés à sa vinification traditionnelle, avec fermentation de 3 semaines en cuve et, fort heureusement pour le tonnelier que je suis, un vin très bien élevé puisqu’il a séjourné 15 mois en barriques dont 50% étaient neuves.
Je mentionne le pourcentage car vous le constaterez en dégustant, le bois ne masque pas le fruit ce qui démontre une grande maîtrise de l’élevage en barrique et en particulier de l’élevage sur lie. Sans vouloir m’étendre sur la technique, il est toujours difficile de trouver l’équilibre entre le pouvoir oxydatif de la barrique et le fort effet réducteur des lies. Un équilibre que l’on maîtrise parfaitement à Latour- Martillac.
Un nez intense où l’on retrouve la vanille, les fruits exotiques, les agrumes accompagnés de notes légèrement grillées.
En bouche, il vous séduira par une structure précise et fruitée avec des tanins soyeux et ronds et une belle concentration.
La finale est légèrement citronnée avec une belle longueur persistante.
On peut sans aucun doute affirmer que 1996 est à Latour- Martillac un millésime de plénitude d’une grande concentration, d’un grand équilibre et d’une grande finesse !
C’est un vin qui, vous en conviendrez, se marie très bien avec le foie gras de canard,et pour terminer si vous me permettez une citation très courte : Henry IV roi Gascon qui lui préférait la poule au canard, fusse t’il gras, disait : « Bonne cuisine et bons vins, c’est le paradis sur terre ». Merci,à l’Académie du vin de Bordeaux, de nous le laisser approcher.