Château Léoville Barton 1988
Rouge, Saint-Julien, 1988
Commenté par Monsieur Antony Perrin
Chers amis académiciens et membres de l’Académie, Au terme de plus de dix années dans les fonctions de grand chancelier, je me dois de faire un retour en arrière et établir un bilan provisoire de l’activité de notre association.
« Je ne saurais vous parler du Château Léoville Barton sans vous parler de l’histoire de la famille Barton et de l’origine du cru.
La vie du Château est étroitement liée à l’histoire de la famille Barton ou tout au moins à sa présence dans le bordelais.
D’origine irlandaise, cette famille, en arrivant à Bordeaux au début du XVIIIème siècle, s’est installée en tant que négociant. Une maison de négoce porte d’ailleurs toujours le nom de Barton. Seul, le nom persiste encore aujourd’hui.
Puis vint, au XIXème siècle, le développement des affaires familiales, dans le vignoble, avec en premier l’acquisition du château Langoa et en 1826, celle d’une partie du Domaine de Léoville.
Le domaine de Léoville a été partagé et actuellement il y a 3 crus qui portent ce nom. La famille Barton en avait acquis le tiers, ce qui devint la base du Château Léoville Barton. On peut affirmer aujourd’hui que cette famille Barton fait partie des rares familles qui sont encore propriétaires du même cru et chronologiquement avant le classement de 1855. En relisant le nom des propriétaires en 1855, il ne reste que deux familles, encore propriétaires, les Rothschild et les Barton.
Ce domaine cultive un vignoble large de 45 hectares qui est surtout complanté de Cabernet Sauvignon, cépage dominant du Médoc traditionnel et dans la remarquable appellation de Saint Julien.
Certains d’entre nous ont connu Monsieur Ronald Barton qui apporta une solide contribution aux affaires de la famille en France. Depuis sa disparition, en 1983, c’est notre ami Anthony, héritier de cette famille, lié depuis si longtemps aux vins de Bordeaux, qui perpétue avec sa fille Lilian, la tradition viticole des Barton.
Venons en au vin et à ce millésime 1988. Quinze ans déjà !
Ce fut un millésime issu d’un climat plus chaud, plus ensoleillé et plus sec comparé à d’autres. Ce qui a permis de produire des vins rouges possédant une complexité et une richesse tannique rarement atteintes et de donner un grand vin de garde, développant un bouquet fin et puissant.
Les arômes sont mûrs. Les tanins sont longs et fins.
L’élevage traditionnel en barrique a merveilleusement marié les tannins du chêne et ceux du raisin développant cette note épicée. C’est un vin solide, d’une grande classe.
Nous sommes en présence d’un vin issu de la plus grande tradition, respectueux de l’héritage du passé, ce qui résume pleinement la devise du château « Fide et fortune ».