Château Malartic-Lagravière 2008
Blanc sec, Pessac - Leognan, 2008
Commenté par Patrick Bernard
I. Un peu d’histoire
En 1803 Le Comte de Malartic achète la propriété et lui donne son nom qu’il accole à celui du lieu-dit
10 ans plus tard, Mme Ricard, Veuve du Tonnelier de Léognan et déjà propriétaire de 2 crus emblématiques de Pessac-Léognan, FIEUZAL et CHEVALIER, acquière MALARTIC LAGRAVIERE qu’elle agrandit très substantiellement.
En 1876 Une de ses petites filles épouse l’armateur cambais M. Ridoret, et lui apporte en dote : MALARTIC.
Pour la petite histoire, les 2 autres productions majeures qui assurent la richesse de Léognan sont : … Les asperges et les pêches
En 1927 Leur petite fille, Simone Ridoret épouse Jacques Marly, chef d’entreprise emblématique de Bordeaux (miroiterie et fabrique de meubles) et dans sa dote figure Malartic Lagravière.
C’est lui qui intègre dans l’étiquette, la silhouette du “Marie Elisabeth” : 3 mats barque qui fit la fortune des Ridoret.
A l’époque, Léognan était desservi par le tramway électrique et ne comptait que 2 000 habitants, chiffre inchangé depuis un siècle, alors qu’aujourd’hui Léognan compte pratiquement 10 000 habitants.
En 1997 AAB, non pas la future note de la France chez Standard and poor’s, mais Alfred Alexandre Bonnie et son épouse, achètent la propriété à la maison de Champagne, Laurent Perrier qui ne l’aura pas gardée 10 ans.
Quand Alfred Alexandre Bonnie et son épouse ont acheté cette propriété sur un coup de cœur, ils n’imaginaient certainement pas les investissements financiers et humains qui les attendaient. La propriété avait à l’époque sérieusement besoin d’investissements.
On savait Alfred Alexandre Bonnie, magicien, ayant transformé l’eau…. écarlate en vin (prodige déjà réalisé dans le passé), on l’a vu devenir, mécène, investissant sans compter :
– Son temps, celui de sa femme et de ses enfants,
– Son argent dans la vigne, le cuvier, le chai et le château.
Cette famille avait décidé de faire des Grands Vins et de le faire savoir aux amateurs du monde entier.
C’est ainsi que la famille BONNIE a non seulement largement redoré le blason de Malartic, mais également très largement contribué au rayonnement mondial de l’appellation Pessac Léognan, ce dont les voisins comme les négociants sont infiniment reconnaissants.
En deux siècles, cette propriété n’aura donc appartenu qu’à 2 dynasties :
• Les familles Ricard – Ridoret – Marly (par héritage ou dote),
• Et à la famille Bonnie chez qui la transmission à la 2ème génération est déjà réalisée avec succès grâce à l’implication quotidienne et la complémentarité de Jean-Jacques, Séverine, Véronique et Bruno.
Nous sommes au cœur du génie bordelais : l’histoire des propriétés est indissociable de l’histoire des familles qui les ont façonnées, les façonnent et les façonneront au fil des millésimes
II. Beaucoup de terroir et une technique maîtrisée
Situé sur une haute terrasse calcaire recouverte par 8 mètres de graves du quaternaire, parcouru par le ruisseau de l’eau blanche et de ses affluents. Les graves drainantes éliminent les excès d’eau et le ruisseau garantit une parfaite alimentation lors des périodes de canicules et de grandes sècheresses : terroir donc fantastique et polyvalent
Emile Paynaud disait : “donnez-moi de bons raisins, je vous ferai un grand vin !”
Pour produire de bons raisins, il faut :
– un grand terroir,
– une bonne météo
– et un vigneron de qualité
Au cuvier et au chai, plus personne ne peut améliorer la qualité du raisin, par contre, une technologie de pointe permettra d’en tirer la quintessence.
Ainsi à Malartic, vous avez le trio gagnant de la technologie maîtrisée:
• vendanges manuelles en cagettes,
• tables de tri vibrantes,
• ni pompe, ni tuyau, tout par gravité.
III. Parlons un peu de la star de la soirée : Malartic Lagravière blanc 2008
Que disait la météo en 2008 ?
L’été frais et humide nourrissait les pires inquiétudes mais l’été indien a renversé la situation.
Les 15 % de Sémillon et 85 % de Sauvignon récoltés entre le 18 septembre et le 3 octobre étaient d’une maturité parfaite, les rendements particulièrement faibles ont donné un vin d’une densité aromatique remarquable.
Que dit notre verre où ce Malartic Lagravière blanc 2008 brille de tous ses feux ?
• L’œil est immédiatement séduit par cette belle couleur jaune pâle, aussi brillante qu’étincelante.
• Le nez est séduit par les aromes d’agrumes, d’amande et même par une certaine minéralité (tendance Riesling)
Mais c’est en bouche, qu’il explose, révélant tous ses talents :
– Un superbe équilibre, beaucoup de gras et une longueur impressionnante. L’acidité parfaitement dosée, donne un vin en tension du début à la fin de la dégustation
– et l’on retrouve ces goûts d’agrumes, d’amande et les fruits blancs à noyaux qui nous accompagnent pendant toute la dégustation.
C’est indéniablement un vin fait pour être consommé à table avec une cuisine raffinée par des convives cultivés et connaisseurs, vous en conviendrez aisément, on ne pouvait faire meilleur choix ce soir…