11/02/2010

Château Montrose 1996

Rouge, Saint-Estèphe, 1996

Commenté par Comte John Umberto Salvi

C’est un plaisir et un honneur de vous présenter Château Montrose, ce soir, bien que je sois un peu nerveux par la présence de notre ami Jean-Bernard Delmas qui est son gérant.
J’ai dégusté Montrose pour la première fois quand j’avais 23 ans, quand mon patron Allan Sichel, le père de Peter, fêtait en 1960 son 60ème anniversaire dans les ruines de Grand-Puy-Lacoste avec le 1900 Palmer, Grand-Puy-Lacoste, Yquem, Margaux et surtout Montrose. Mon père était à table, mais moi, j’étais dans la cuisine à décanter les vins et le Montrose m’avait totalement ébloui tellement il était jeune.
Avant la fin du XVIIIème siècle, Montrose n’était qu’une lande recouverte de bruyères et de genêts. Etienne-Théodore Dumoulin venait de gagner un procès avec beaucoup de courage d’ailleurs contre le grand Nicolas-Marie-Alexandre de Ségur « prince des vignes ». Il est devenu propriétaire du terrain appelé La Lande de l’Escargeon le 6 mars 1778.
Son fils aussi était un Théodore. Etant convaincu que le terrain pouvait faire de très grands vins, il y a planté des vignes en 1815. Tellement bien a-t-il fait que quarante ans plus tard, en 1855, la propriété connue maintenant comme Montrose était classée deuxième cru. Cinq ans après sa disparition, en 1866, les enfants adoptifs l’ont vendue à Mathieu Dollfus, un entrepreneur visionnaire. Il a fait prospérer et agrandir la propriété, jusqu’au moment où le phylloxera aura mis à mal tous ses efforts. Il est mort en 87 et en 90, son héritier l’a vendue à Jean-Jules Oscar. Oscar l’a revendue déjà en 96 au mari de sa nièce Louis-Victor Charmolüe. Ici commencent trois générations de la famille Charmolüe que la plupart d’entre vous ont bien connue, une famille remarquable et noble qui trace ses origines à Compiègne à partir de Renaud Charmolüe en 1246. Charmolüe paraît-il dérive de chair de morue. Croyez ça si vous voulez.
Louis-Victor était né à Figeac, mais il était aussi propriétaire de Pomys, Cos d’Estournel et plusieurs autres propriétés. Pendant cent dix ans et pas moins, la famille Charmolüe a géré Montrose jusqu’au jour récent quand, sans héritier ou héritière volontaire, Jean-Louis Charmolüe l’a vendue au printemps 2006 à titre privé à Martin et Olivier Bouygues qui ont immédiatement demandé, le 6 mai 2006, à notre ami ici présent Jean-Bernard Delmas de devenir gérant. Ils ont aussi acheté Tronquoy de Lalande. Depuis, ils ont effectué de grands travaux. Dans le vignoble, ils ont travaillé sur une régularisation qualitative, différenciation de chaque parcelle, forcer la racine à aller plus profondément, cueillir les raisins à meilleure maturité et commencer à remplacer la vieille vigne. Ils ont agrandi les bâtiments de stockage, augmenté le volume des chais, repensé les bâtiments d’exploitation, construit de nouveaux bureaux et de magnifiques salles d’accueil.