16/12/2004

Château Nairac 1996

Blanc liquoreux, Sauternes, 1996

Commenté par Michel Garat

« Cette année 1708, il y eut très peu de blé, ou pour mieux dire presque point, et également du vin, lequel s’est trouvé merveilleux, et celui d’Haut-Brion s’est vendu 500 livres, et celui du Blayais 120 livres »

Le Château Nairac 1996 est situé à Barsac. C’est un beau Château construit par un négociant du XVIIIième qui porte son nom et aujourd’hui propriété de la famille Tari-Heeter.
La famille Tari est une grande famille du Médoc qui a pris l’initiative de venir faire des vignes à Sauternes, de venir se frotter au botrytis et propriétaire de ce domaine depuis 30 ans.
Cette propriété est dirigée par Nicolas, le fils de la famille. Il est aidé dans la commercialisation et la promotion par sa sœur et sa mère qui est très active pour la promotion du Sauternes et du Barsac.
Le château de Nairac, ce grand cru classé 1855 est un Barsac.
C’est une propriété de 15 hectares située sur des sols essentiellement sablo graveleux avec une matrice argileuse plus ou moins importante selon les endroits. L’encépagement est traditionnel de celui de Sauternes. Le Sémillon est dominant puisqu’il y en a 90 %, 6 % de Sauvignon et un peu de Muscadelle comme dans tout le vignoble de Sauternes, 4 % environ.
Depuis l’arrivée de Nicolas et depuis une dizaine d’années, le style des vins de Nairac a évolué, a changé. On est sur des vins qui ont une plus forte concentration qu’autrefois. Les vendanges sont assez tardives, très tardives même, une vinification en barrique, une fermentation assez longue sur des vins très riches et très puissants et un élevage qui en général dure entre 26, 28 et 36 mois selon les années. Sur ce 96 on est à 30 mois.
Ce sont des vins qui ne se dégustent pas forcément bien très jeunes. Ils ont des fermentations très longues. Il faut le temps nécessaire pour que le vin reprenne sa place. Dans des dégustations primeurs, ils ne sont pas toujours bien compris par les dégustateurs qui ont l’habitude de goûter, parfois d’une façon automatique, des vins un peu plus accessibles, un peu plus faciles que celui là. En revanche au bout de quelques années, bientôt 8 ans pour ce 96, le vin de Nairac commence à prendre tout son éclat.
96, il faut se souvenir, est un grand millésime à Bordeaux. C’est un très beau millésime à Sauternes mais pour ceux qui ont su attendre, pour des vendangeurs patients. C’est un botrytis qui s’est développé très tard, c’est-à-dire autour du 10 octobre.
Sur la fin du mois d’octobre, un temps très froid s’est installé, des vents du nord, tout ce que l’on aime pour sécher les raisins sans qu’on ait de pourriture non noble.
En 96, on est sur du botrytis de très belle qualité et sur des raisins qui ont gardé une très belle acidité. Les vins de Sauternes tiennent, non pas sur 2 jambes mais sur 3 pieds, c’est l’équilibre entre la richesse en sucre, l’alcool acquis et l’acidité
Dans le 96, cet équilibre est particulièrement réussit.
La couleur est assez prononcée, assez ambrée, très prononcée pour un vin qui n’a que 8 ans.
Le premier coup de nez est assez discret, c’est un vin encore fermé, très riche, très dense. On sent la matière, on sent le côté confit avec des arômes de coing, un peu de poire, d’angélique, assez dense, assez serré. En bouche, on a une attaque également très suave, très soyeuse, très ronde sans être molle, c’est-à-dire qu’on a toujours cette belle vivacité, cette fraîcheur et toujours la petite touche d’amertume qui marque la présence d’un botrytis de belle qualité.
C’est un vin encore très jeune qui a tout l’avenir devant lui et va connaître une évolution superbe.