Château Olivier 1986
Rouge, Pessac - Leognan, 1986
Commenté par Monsieur Nicolas de Bailliencourt dit Courcol, Château Gazin
Ce qui est bien avec le Château Olivier, c’est que l’on se sent ici vraiment à la campagne, si près de Bordeaux. C’est une demeure charmante sous des dehors austères, qui offre des arbres et des prairies, éléments paysagers assez rares dans nos contrées de vignes.
Cette demeure du XIIe siècle, monument historique, n’a pas toujours été aussi accueillante puisqu’elle a servi de prison au Connétable du Guesclin. Elle a également servi de relais de chasse pour le Prince Noir, de sinistre mémoire. Puis, elle a appartenu à Artus d’Olivier, aux barons de La Brède et de Montesquieu.
Mais tout cela est de l’histoire assez ancienne et c’est la famille Bethmann qui aujourd’hui en est propriétaire. Cette famille est d’ailleurs une des plus anciennes à posséder un cru à Bordeaux puisque c’est Alexandre de Bethmann, maire de Bordeaux, qui fir entrer ce vignoble dans le giron familial, en 1867, et, entre parenthèses, fit installer la fontaine des trois Grâces qui orne toujours la place de la Bourse, à Bordeaux.
Jean-Jacques de Bethmann vient de procéder à des rénovations importantes des installations viti-vinicoles du vignoble, au service de ses vins. Vin blanc, comme nous avons pu le goûter tout-à-l’heure, avec ce délicat assemblage de sauvignon, de sémillon et de muscadelle.
Vin rouge avec, dans notre verre, ce Château Olivier 1986? Nous sommes ici sur un assemblage de cabernet sauvignon, de merlot et de cabernet franc.
Assemblage assez proche de celui des vignobles de la rive droite qui disposent des mêmes graves günziennes, sur des sols argilo calcaires, ceux que l’on trouve au Château Olivier. Ensemble éminemment complexe puisqu’une étude pédologique récente a dénombré jusqu’à onze terroirs différents sur ce vignoble de Pessac Léognan.
Ce 1986 a donné des inquiétudes à beaucoup. Septembre a connu une succession de journées très chaudes, de pluies orageuses, de fraîcheur, de périodes de soleil, magnifiques, nous disent les courtiers Tastet et Lawton. Lors d’une tournée dans les Graves, ils constatent que la récolte est superbe mais qu’il faut encore un peu de chaleur. Elle viendra. Les vendanges commencent au tout début d’octobre, pour nous donner ce beau 1986.
Les cinquante deux hectares de ce terroir, dont quarante cinq en vignes rouges, nous apportent maintenant ces notes de sous-bois, d’épices, d’âtre mais encore de griottes qui signent un vin à pleine maturité.
Vingt trois ans déjà, c’était hier, à l’époque où Bordeaux venait de commercer sa révolution culturelle en matière de vinification. Mais, ici, nous avons déjà rassemblé en un bel équilibre acidité, alcool et des tanins souples, ronds et suaves. Ils apportent un côté féminin à ce vin racé et élégant. Les trois Grâces, en somme.