Château Palmer 1981
Rouge, Margaux, 1981
Commenté par Monsieur Jean-Guillaume Prats
Je considère comme un grand privilège de pouvoir m’adresser à vous sur un sujet qui me fascine. Il s’agit plus précisément de la façon dont nous espérons, dans un proche futur, sécuriser le processus d’unification de cette grande Europe
Château Palmer est un cru de Bordeaux qui représente tout à fait l’essence même de notre histoire, de notre terroir. Je vais brièvement essayer de vous expliquer pourquoi je le ressens ainsi.
D’abord par son terroir, on l’habitude de dire en terre margalaise que les grandes vignes regardent la Gironde, la rivière dit-on en Médoc. C’est le cas ici. De grandes graves quaternaires très propices au Cabernet Sauvignon qui apportent l’architecture, la capacité au vieillissement et on le retrouve dans ce 81.
Ensuite par son histoire. Palmer est une propriété qui est née à travers la Restauration, puis le Second Empire, qui a accompagné l’essor de Bordeaux. A cette époque, on parlait de la fureur de planter, et le Médoc s’est développé à cette époque alors que Palmer prospérait déjà.
Mais plus que tout, ce qui fait la force de Palmer ce sont peut être les hommes qui se sont succédés à sa tête et aujourd’hui les propriétaires en sont l’archétype et la définition même. Bordeaux a pu prospérer grâce aux investissements étrangers, grâce à la capacité intellectuelle de voyageurs qui venaient d’Europe du Nord qui ont pu apporter du dynamisme et un savoir-faire et on le voit aujourd’hui : les Mälher-Besse représentent ces dynasties de négociants d’Europe du Nord qui sont venus, qui ont développé notre commerce, on leur doit beaucoup. Les Sichel aussi par leur dynamisme, représentent cette aristocratie anglo-irlandaise qui a développé Bordeaux et puis surtout les Bouteiller apportent cette tradition, cette passion, cette conviction d’une famille richement ancrée dans le terroir médocain qui sait apporter, de génération en génération, une passion du détail.
Donc, aujourd’hui autour de Bertrand Bouteiller, entouré de Bertrand de Laage et de Philippe Delfau, Palmer est une équipe jeune, rénovée qui apporte du dynamisme et de la passion et je crois que c’est un grand témoignage de sympathie et d’amitié que l’Académie témoigne à Palmer en étant là ce soir.
Ce 81 est exceptionnel. C’est un millésime bien particulier à Bordeaux. Nous avons souffert et nous nous faisions à la table la remarque suivante, c’est qu’on se dit aujourd’hui qu’on vendange peut être un petit peu tard, qu’on prend des risques, qu’on va vers l’excès dans la maturité, dans les rendements et ce 81 c’est une vendange très tardive, c’est un millésime difficile, un peu humide, pas très chaud mais d’un classicisme, d’une élégance extraordinaire, je trouvais qu’il avait des arômes un peu confits, un peu sur-mûris, probablement le Merlot, mais une grande fraîcheur aromatique, la grande maturité du Cabernet et, en bouche, une structure, un équilibre qui laissent penser que ce vin a encore devant lui de vieux jours.
En guise de conclusion, laissez-moi vous transmettre une petite réflexion très simple, j’ai essayé de définir Palmer ce soir et il suffit simplement de regarder le mot Palmer : le « P » veut dire la Perfection, le « A » c’est l’Anthologie, le « L » c’est la Longueur, le « M » c’est la Maturité, le « E » l’Elégance et le « R » la Régularité. Voilà ce qu’est ce 81.