13/09/2013

Chateau Phelan Segur 1998

Rouge, Saint-Estèphe, 1998

Commenté par Madame Céline Villars-Foubet, Château Chasse-Spleen

Je vais commencer, puisque j’ai l’honneur de présenter Phélan Ségur ce soir, par le côté dégustation. Puisque le vin, c’est d’abord un plaisir sensuel.

Phélan Ségur 1998. La dégustation est un exercice très subjectif, et je le fais avec plaisir. Je trouve qu’il y a une très belle robe. On est sur un vin qui a 15 ans. Quinze ans, c’est souvent l’âge assez idéal, en fait, pour boire des grands Bordeaux, parce qu’il y a encore à la fois la jeunesse et déjà le fondu des tanins. Donc, belle robe, foncée, sombre, limpide et brillante.

A l’agitation, on sent pas mal de fruits rouges, de cerises et de mûres. Il y a une certaine fraîcheur assez épicée. Une attaque, et puis après, quand on boit, une attaque assez franche. Une belle densité. Des notes poivrées. Et une minéralité avec des notes de mine de crayon – c’est très subjectif, comme je vous l’ai dit -.
Je trouve qu’il y a beaucoup de corps. Beaucoup de structures. Cela est assez propre aux Saint-Estèphes. Une certaine sensualité virile. Des tanins présents mais qui se fondent et qui sont en même temps adoucis par la rondeur des merlots qu’on sent assez présents. C’est un vin d’un grand classicisme, ferme, d’une grande jeunesse et qui laisse encore de beaux jours devant lui.

Concernant l’assemblage : c’est un vin composé en majorité de cabernet-sauvignon avec 53 %, 40 % de merlot et 7 % de cabernet franc. Donc, une fois qu’on a fait la petite partie gustative, on veut toujours en savoir un peu plus.
Les conditions climatiques de 1998 : il y avait un débourrement précoce de la vigne. Une floraison assez rapide grâce à un mois de mai chaud. Donc, floraison rapide et homogène. Et une véraison qui, en juin, est à peu près à l’image de la floraison. La véraison, c’est donc quand le raisin change de couleur et que les maturités vont se préparer.
Ensuite, le mois d’août fut très chaud et les Anciens disaient que c’est le mois d’août qui fait le moût. Cela veut dire que les anthocyanes et les tanins passent dans la pulpe du raisin et donc ce sont d’excellentes conditions. Ensuite, le mois de septembre, fin septembre et octobre ont été très pluvieux. Donc les conditions de vendange ont été un peu plus difficiles, mais malgré tout, l’accumulation rapide et importante des sucres et des composés phénoliques ont permis de recueillir des raisins de très belle qualité et de réaliser de très jolis millésimes dans cette année-là.
Alors 1998, c’est aussi une année qui a été marquée par – je n’ai relevé que deux événements, le cinquantenaire de l’Académie et puis la Coupe du monde de football, tout de même.

Quelques mots sur l’appellation Saint-Estèphe. Saint-Estèphe est l’appellation la plus au Nord de la presqu’île médocaine, avec des sous-sols argileux. Il s’agit donc de vins qui sont souvent marqués par une belle structure et une grande richesse tannique, responsable de la belle couleur et d’une finesse aromatique. Donc, en fait, Phélan Ségur 1998 illustre bien ces vins qui ont une aptitude aussi au vieillissement, avec un bouquet, qui après quelques années révèle une grande complexité et des tanins fondus.

Mais le vin est toujours à l’image de son terroir en même temps qu’il est indissociable de ses propriétaires et de leur équipe, bien évidemment. Donc, c’est l’heure de faire un hommage à la famille Gardinier et particulièrement à Xavier qui nous a quittés cet été. Il a été un visionnaire dans l’acquisition de cette magnifique propriété – que je vous encourage à aller voir, bien que ce soit un petit peu loin – donc, tout à fait visionnaire, dynamique et opiniâtre dans le travail du développement de la qualité des vins et de la notoriété de la marque Phélan Ségur sur les marchés.

Son expérience champenoise l’a conduit à faire à Phélan Ségur des choix avisés. Et le travail assidu a permis à toute la famille de s’enraciner dans le Médoc. Hommage aussi à sa générosité et à son sens du contact et son humour décapant. Bravo aussi à la confiance qu’il a léguée à ses trois fils, Thierry, Stéphane et Laurent qui, par leur entente tout à fait exemplaire, savent sublimer le terroir et faire rayonner ce joli vin. Enfin, un grand merci à Thierry Gardinier qui a signé ce millésime.