Château Pichon Longueville Comtesse De Lalande 1975
Rouge, Pauillac, 1975
Commenté par Monsieur Bruno Prat
C’est avec le plus grand plaisir que les grands vins de Bordeaux ont accepté d’accompagner le maire de cette même ville, Monsieur Juppé, pour venir célébrer ici le tricentenaire de la fondation de la ville de Saint-Pétersbourg. Nous nous réjouissons en effet de pouvoir renouer avec une ville, avec un pays, dont nous étions artificiellement séparés alors que tant d’échanges avaient non seulement permis son édification mais concrétisé le fait que nous appartenons, au même continent, à la même civilisation.
Ce vignoble de Pauillac porte un nom de femme, celui de la Comtesse Henri de Lalande qui le géra en 1855.
Aujourd’hui, une autre femme, May-Eliane de Lencquesaing, à son tour préside aux destinées de ce domaine viticole de quatre vingts hectares. Je la remercie d’avoir si aimablement présenté le Château Cos d’Estournel 1986.
L’histoire de Pichon commence au XVIIè siècle avec Jacques de Pichon Longueville. Cet homme éclairé planta les premières vignes dans ce terroir graveleux en bordure de la Gironde.
Plus tard, le Baron Joseph de Pichon Longueville, qui vécut nonagénaire, divisa démocratiquement au lendemain de la Révolution Française son domaine viticole entre ses cinq enfants. Ses trois filles réunirent les trois cinquièmes de leur héritage qui constitue le domaine dont nous parlons aujourd’hui. Il fut géré pendant trente ans par la Comtesse de Lalande.
J’aime trouver dans ce vin des vertus proprement féminines : élégance, discrétion, harmonie, générosité.
Pourtant le millésime 1975 était très viril. La très petite récolte et l’été sec et chaud lui ont donné des tannins très fermes, voir un peu austères, surtout dans sa jeunesse.
Aujourd’hui ce 1975 du Château Pichon de Longueville Comtesse de Lalande nous séduit par sa robe que les années ont ambrée, ses arômes aux notes de cuir et de tabac, sa bouche aux tannins frais et fondus, sa finale encore extraordinairement jeune pour un vin de 28 ans.
Pour reprendre le titre du livre que Madame de Lencquesaing vient de publier :
« Vivant je suis, nous dit ce vin »