12/09/2002

Château Rieussec 1989

Blanc liquoreux, Sauternes, 1989

Commenté par Monsieur Xavier Planty

Dîner donné en l’honneur de Monsieur Hugh Johnson et Madame Jancis Robinson à l’occasion de la cinquième édition de l’Atlas Mondial du Vin. En présence de la Commanderie de Bordeaux à Bristol, Château de Figeac

C’est une exceptionnelle propriété avec un terroir de graves sur argile rouge d’un seul tenant, dominant la vallée de la Garonne qui est dans une situation paysagère bénéficiant de la ventilation absolument nécessaire à faire des grands Sauternes.
L’historique du Château Rieussec a été assez bouleversée dans ce siècle. Cette propriété a appartenu à un Américain, qui a été exproprié pendant la guerre, puis à la famille Balaresque, ensuite à Monsieur Vuillier pour être achetée par les domaines Rothschild en 1984. Elle a été gérée techniquement par Charles Chevallier depuis cette date. C’est donc à lui que l’on doit la particularité de ce millésime.
1989, à Sauternes, est un millésime très particulier puisque nous avons subi, vers le 25 ou le 28 août, un orage de grêle terrifiant qui a mis par terre pratiquement 1/3 de la récolte. Derrière cet orage de grêle, il en a résulté une attaque de Botrytis exceptionnelle et à Sauternes on sait s’en servir.
Le 1989 est sûrement le millésime le plus achevé, le plus fin, avec l’expression du Botrytis la plus merveilleuse qui puisse être de toutes mémoires de dégustateurs.
Dans ce Rieussec 89, on trouve au départ un nez assez discret. A l’aération, s’expriment très fortement des notes de fruits, en particulier, du coing, de la rhubarbe mais surtout des notes, au premier nez, un petit peu mentholées, et des arômes de thé frais qui sont une des caractéristiques de la présence du Botrytis.
Quand ce vin est en bouche, on est tout de suite impressionné par son côté tactile pratiquement tannique. Il y a un côté tannique dans ces grands Sauternes quand le Botrytis s’impose. Au niveau de la sucrosité, là on retrouve le style de Rieussec qui a toujours cette sucrosité assez opulente, assez riche. Mais ce n’est jamais quelque chose de lourd, quand le Botrytis est présent.

En dégustation, sur cette bouteille, vous avez une finale qui est un petit peu amère, et c’est très agréable laissant une fin de bouche très fraîche. Quelque soit la concentration que l’on peut avoir en sucre, c’est la magie du Botrytis qui détermine ceci et qui fait que ces vins restent agréables, très longs et font le mystère de leur dégustation.

Château Rieussec