Magdelaine 1998
Rouge, Saint-Emilion, 1998
Commenté par Xavier Planty, Château Guiraud
Je suis très intimidé, après ces envolées de littérature nombreuses et variées. Je suis admiratif de savoir que Denis Mollat peut faire la publicité pour ses livres en toute impunité !
Magdelaine… Je crois que la plus belle arrivée à Saint-Emilion est par la route de Vignonet. Une fois que l’on a passé le carrefour et que l’on commence à monter la côte, on a une combe taillée dans le calcaire qui est absolument magnifique. Là, on se trouve sur une pente assez raide où le calcaire est omniprésent. On a des trous de grottes. Là se situent les très grands crus : Ausone, Magdelaine, Bélair, la Gaffelière, que des premiers, A et B.
J’aime beaucoup cet endroit. Il est très riche en histoire avec la villa d’Ausone en bas, au Palat. Là, il y a une combe à la fois orientée sud-est, mais aussi avec des sources et une résurgence qui permet d’avoir de la fraîcheur. C’est un endroit qui m’est cher au cœur puisque j’ai sévi là pendant un an, dans les pentes où je peux vous dire que sulfater, traiter, conduire un tracteur, c’est sportif ! Pendant ce temps, d’autres étaient sur le plateau et se la coulaient douce !
C’est le terroir du merlot, c’est la capitale du merlot si je puis dire, qui, sur ces terres calcaires ou argilocalcaires se comporte merveilleusement bien, avec une exposition sud-sud-est dans laquelle il mûrit incroyablement bien.
Et dans ce Magdelaine, on a vraiment la signature des Moueix. Magdelaine est une petite propriété, 11 hectares, qui depuis 1952 appartient à la famille de Jean-Pierre Moueix. C’est Christian Moueix qui la gère aujourd’hui, épaulé par un œnologue prestigieux, d’une simplicité qui en fait un des grands hommes de Bordeaux qui était Jean-Claude Berrouet, qui a pris sa retraite maintenant. Là, nous avons les vins de son style.
Ce Magdelaine 98 a énormément de fraîcheur. Il est d’une pureté aromatique typique du merlot. Nous avons la sensation soyeuse, un peu crayeuse du calcaire en bouche, et il a une longueur et une fraîcheur absolument incroyables. Ce ne sont pas des vins hyperextraits, ce ne sont pas des vins qui semblent comme cela être d’une très grande concentration, mais ce sont des vins d’une fabuleuse élégance.
Ce sont des vins dont je regrette qu’ils ne se fassent plus, puisque vous savez que Magdelaine a disparu. Magdelaine a été fusionné avec le château Bélair pour faire le château Bélair-Monange. Les vins sont toujours aussi beaux, mais avant, avec les Berrouet, je pouvais échanger du Magdelaine, maintenant c’est fini. Voilà. J’espère que ce vin va vous séduire.
