12/09/2008

« Y » 2005

Blanc, Bordeaux, 2005

Commenté par Pierre Lurton

Bonsoir, bonsoir à vous tous.

Excusez-moi de ne pas décliner tous vos titres. Bonsoir mes amis.

Yquem est une étape annuelle.

Nous avons l’habitude maintenant de nous voir et je suis très heureux, en mon nom, au nom de Monsieur Bernard Arnault bien entendu, propriétaire des lieux, au nom – je dirais – d’une famille qui a su maintenir l’excellence dans la durée, et nous pensons tous à la famille Lur-Saluces et bien entendu à Alexandre, de vous accueillir ici.

Yquem, vous connaissez. C’est un monde merveilleux où j’ai la chance de venir régulièrement. Je suis un peu partagé entre deux propriétés. Vous avez vu que ma vie est désagréable entre Yquem et Cheval Blanc. Et je sais me réjouir de la pourriture et du botrytis ici, qui est la magie de ce vin, et lutter contre cette même pourriture dans cette autre propriété. Donc voyez, je suis un peu partagé.

Je me réjouis de vous accueillir, dans le cadre des dix ans des vendanges de Malagar, sur évidemment un thème que j’aime beaucoup : « les plaisirs ».
Yquem est aussi un monde d’excellence, un monde d’émotions et de sensations agréables, une réelle définition d’un plaisir hédonique, qui a été bien exposée tout à l’heure. Simplement vous dire que c’est un monde de complexité, un monde unique, un monde magique ; qu’il y a  une énergie spéciale ici, et je suis heureux de la partager avec vous.

Maintenant, je vais vous commenter le vin, car vous devez être en hypoglycémie. Le vin d’Y mérite d’être commenté puisque c’est un vin totalement atypique, qui a vu le jour dans les années 50 et plus exactement en 1959,  et qui, à l’époque, résultait de la fin de la vendange.

Il s’agissait de couper les « queues de vendanges ». Et en fait, on ramassait les raisins qui étaient des raisins à moitié botrytisés et d’autres qui n’étaient pas encore attaqués par la Pourriture Noble.

Actuellement, nous ramassons des sauvignons en particulier (50 %) et le solde en sémillons, des raisins qui ont été juste enveloppés par le botrytis et qui ont juste changé de couleur. Professeur Dubourdieu, qui est là, (et grâce à lui, je suis extrêmement scientifique), dirait que les peaux des raisins de sémillon et de sauvignon sont suffisamment épaisses pour avoir des qualités mécaniques du botrytis, mais comportent des tanins. Et ces tanins amèneraient une certaine rusticité à ces vins à la macération.

Par bonheur, le Botrytis vient digérer légèrement ces tanins en affinant la peau des baies, la couleur des raisins évolue et c’est à ce moment là qu’on cueille l’Y.
Le « Y »  est un vin absolument merveilleux parce qu’il a un nez de Sauternes.
Il n’est pas un vin blanc sec, il n’est pas un vin blanc liquoreux, il a quelques traces de sucre.

Il lui reste 10 grammes de sucre résiduel, ce qui le rend extrêmement voluptueux, agréable, avec beaucoup de complexité, une belle couleur jaune d’or.

A l’attaque on est frappé  par sa fraîcheur.
Après, il a beaucoup de gras, de puissance, des arômes de pêche blanche, des arômes de buis, des arômes de feuilles (je ne dirais pas de feuilles parce que les herbacés ne nous aiment pas) de fleur de tilleul.

Enfin, à l’aération, ce vin  prend de plus en plus de complexité. C’est un vin merveilleux, totalement atypique, unique, et je suis très heureux de le partager avec vous ! Merci beaucoup.