2002

12/06/2002

Assemblée Générale au Château Canon-La-Gaffelière

Assemblée Générale au Château Canon-La-Gaffelière

En ouvrant notre assemblée générale annuelle de l’Académie du vin de Bordeaux, je voudrais tout de suite et le plus chaleureusement possible, remercier nos amis Neipperg de nous accueillir aujourd’hui avec leur gentillesse habituelle et leur généreuse hospitalité. St Emilion est particulièrement indiqué pour tenir cette importante manifestation de notre vitalité.
Je remercie doublement Stephan, puisqu’il est un membre actif et pertinent de notre conseil qu’il enrichit de ses avis judicieux.

L’Académie, du fait même de votre présence aujourd’hui, comme d’ailleurs de votre fidélité à chacune de nos réunions, prouve sa vitalité et en même temps sa raison d’être. Olivier Bernard vient de faire l’inventaire des actions entreprises au cours de l’année écoulée.
Je me réjouis de cette preuve du dynamisme que les douze membres du conseil ont tenté d’insuffler à cette institution qui vient compléter (et non remplacer, éventuellement inspirer !) les autres organisations du vin de Bordeaux, en cherchant à cultiver l’âme de ce noble produit de la vigne et du travail des hommes.
Avons-nous atteint cet objectif ? Je ne le crois pas et aussi je doute que nous soyons réunis pour nous congratuler, car si notre ambition est vaste, nos moyens sont limités.
Nous cherchons en effet, à rappeler « urbi et orbi », ici et là-bas, que nos vins sont le fruit d’une longue histoire, d’innombrables tâtonnements qui ont amené, de manière empirique, ce qui ne veut pas dire par hasard, à préciser les éléments qui fondent la qualité reconnue des grands vins produits dans cette terre de Gironde et par là leur notoriété.
Ici il ne suffit pas de planter n’importe quel cépage renommé ailleurs, sur n’importe quel sol et d’appuyer le résultat par des efforts commerciaux auxquels serait attaché l’essentiel de l’attention, comme c’est le cas pour beaucoup de produits industriels.
Les grands vins de Bordeaux résultent d’une autre philosophie parce que leur qualité dépend d’une humble observation, d’un modeste respect du terroir, et d’une infinité de détails dans la conduite de la culture de nos vignes et de l’élevage dans nos chais.
La variété des produits qui en résultent dans un haut niveau de qualité, leur hiérarchie aussi en font un exceptionnel message de civilisation. Nos clients, terme auquel nous préférons celui d’amateurs, le sentent bien et c’est bien ce qu’ils recherchent quand ils viennent visiter nos vignes et nos chais avec tant d’enthousiasme, où lorsqu’ils acquièrent nos bouteilles.
Cette réputation, je considère, comme vous, que nous la devons avant tout au travail réalisé par le négoce du vin à Bordeaux, aidé par les courtiers.
Nos vins méritent respect et attention parce que, comme dans le domaine de l’art ils sont un signe de haute civilisation. Ils le méritent aussi, à mon sens, parce qu’ils sont chargés, comme tous les vins, mais, si on peut dire, plus que jamais, de toute une symbolique.
Je ne veux pas philosopher plus longtemps sur un thème que tout le monde à Bordeaux connaît bien, mais seulement rappeler que notre but est d’illustrer ce qui fait des grands vins de Bordeaux, dans leur élaboration comme dans leur usage, un élément si hautement civilisé.
Pour cela nos moyens sont divers et variés.
Depuis plus d’un an nous évoquons un ouvrage qui devrait renouveler le saga, l’histoire du vin à Bordeaux : comment l’histoire, et le temps pour l’élaboration des terroirs, l’ont façonné pour en faire une référence pour les vins du monde entier. Je veux rendre hommage à la créativité de Denis Mollat, un de nos académiciens parmi les plus fidèles, qui poursuit avec la Fédération historique du Sud Ouest et nous-même, l’idée de cette œuvre.
D’autres moyens sont à l’étude du conseil. Pourquoi ne pas étendre notre action en dehors de Bordeaux ? A Londres, New York, Paris, pourquoi pas ? Il nous faut en permanence faire vivre notre site Internet qui doit se renouveler tous les mois sous peine de ne pas exister sur la toile. Son dialogue doit se mondialiser, c’est-à-dire s’accorder à toutes les cultures auxquelles nous devons nous adresser.
Nous devons aussi gérer le patrimoine que constituent les membres d’honneur et les membres correspondants qui nous accompagnent fidèlement. Certains ont pris une part très remarquable dans nos ambitions, en suggérant ou en participant à des initiatives originales : Monsieur Tsukamoto, vient d’offrir, à Tokyo, un grand banquet à certains d’entre nous, dans le cade de l’Union des Grands Crus, à l’occasion de VINEXPO ; il milite pour la visite, l’an prochain, du Prince Takamado, cousin de l’Empereur du Japon. Le Professeur Nils Stormby vient de financer par une bourse le travail de recherche d’un jeune étudiant sur les apports des nouvelles technologies au monde du vin ; Hier il m’a téléphoné pour évoquer, en vue de cette assemblée le projet d’une manifestation au Danemark pour l’an prochain.
Toujours en nous appuyant sur Denis Mollat, nous allons retravailler l’idée d’un prix littéraire. Plusieurs ouvrages en cours de publication méritent d’être soumis à un jury que nous allons choisir et réunir. Il rassemblera des membres de l’Académie qui se sentent la compétence et le loisir voulus pour faire ce travail. Voici quelques indications sur les projets que nous avons en tête pour remplir la vaste ambition qui est celle d’une Académie située dans une aussi prestigieuse région viticole. Loin d’être complet, cet inventaire est là seulement pour donner un témoignage de la créativité de votre conseil.