2005

02/12/2005

Dîner conférence en partenariat avec l’Académie Montesquieu

Montesquieu, un philosophe au milieu de ses vignes

En mai 1785, l’Allemande de Spire, Sophie de La Roche de passage à Bordeaux, où elle décrivit avec un grand luxe de détails l’activité du port et la vie des habitants, souhaita se rendre à La Brède. Comme tous les voyageurs qui aimaient flâner au bord des douves du vieux château « gothique »[1], il s’agissait d’un véritable pèlerinage, on allait respirer un peu de l’air de la seigneurie de Montesquieu, on souhaitait voir les lieux qui avaient favorisé l’inspiration du philosophe. Pour la conduire au château, la visiteuse demanda à un vieux paysan :

« Nous allions maintenant à travers un parc des plus agréables, entendant toujours de nouvelles histoires sur Montesquieu qui lorsque deux paysans se querellaient, allait lui-même sur le lieu de la discussion, parlementait avec les adversaires, les mettait d’accord et scellait la paix avec un verre de vin. A un moment donné, mon guide me conduisit sur un monticule : « Je voulais voir comment était la vigne, dit-il, je l’ai trouvée arrangée comme il faut. Tout ça aussi, ce n’était que des bruyères, et c’est le Président qui l’a transformé en vignes »[2].

Quelle est la part de l’imagerie dans de tels propos, quelle est la volonté de présenter l’auteur de L’Esprit des Lois sous les couleurs flatteuses du bon seigneur enrichissant sa contrée au plus grand profit des paysans ? Toujours est-il que Sophie de La Roche est en principe un témoin très fiable, or son récit met bien le vin au cœur des sociabilités rurales et présente la vigne plantée par Montesquieu comme le vecteur de la transformation du paysage et de l’enrichissement de la contrée. Ce lien entre le parlementaire et la viticulture est un lien connu en Bordelais, car la toponymie conserve le souvenir de nombreux nobles de robe qui surent créer des dizaines de châteaux viticoles : Brane- Cantenac, Lynch Bages, Lynch Moussas, Pichon Longueville, Calon Ségur, Malescot Saint-Exupéry, Lascombes… Tous pérennisent les noms des grandes familles qui les ont possédés. À côté de ces  noms prestigieux du Médoc, le vignoble qui entoure le château de La Brède dans les Graves, en bordure des Landes, fait un peu figure de « parent pauvre ». Mais un « parent pauvre » qui avait eu Montesquieu pour propriétaire, et l’on sait, par ailleurs, que ce dernier était à la tête d’une fortune située entre 500 et 600 000 livres. Il était donc tentant de chercher à préciser les rapports entre le philosophe et ses vignes, mais aussi entre le philosophe et le vin. Pour cela, nous essaierons de retrouver la trace de la vigne et du vin dans les écrits, puis nous verrons dans quelle mesure M. de La Brède a profité de son statut pour défendre cette richesse régionale avant d’établir quelle était exactement la place de la vigne sur les propriétés de Montesquieu.

« Le vin est un excellent antidote contre la mélancolie »[3] ou le vin dans la pensée du philosophe.

Vigne et vin sont peu présents en tant que tels dans l’œuvre de Montesquieu et il faut lire plusieurs centaines de pages pour y repérer quelques allusions, en particulier dans la correspondance. Quand on pénètre derrière le notaire Latapie, venu dresser l’inventaire après décès en 1755, on découvre pourtant deux tasses à vin qui laissent imaginer que l’art de boire faisait partie des sociabilités de l’écrivain[4]. N’écrivait-il pas à son collègue académicien, M. de Caupos : « Je serai charmé pour bien des raisons d’avoir le plaisir de vous voir et de boire avec vous »[5]. Si le vin se dégustait à Bordeaux entre propriétaires voisins qui en confrontaient les mérites, il devenait, dans les salons parisiens que fréquentait Montesquieu, un plaisir plus subtil. Il accompagnait et dynamisait la réflexion, puisque de nombreuses missives de membres de la République des Lettres l’associent aux échanges intellectuels, comme celle du géodésien et grand naturaliste La Condamine, reçue le 14 février 1753 :  « Nous boirons à la santé de Solon un vin de Champagne, en dépit de la Sorbonne »[6]. On souligne souvent l’effet dopant du café, du thé ou du chocolat dans les salons tenus par les femmes du monde, mais les liqueurs et autres vins de dessert étaient aussi un puissant stimulant :  « Si vous voulez, ce choix se fera chez Madame du Deffand avec du marasquin ! »[7], déclarait par exemple Montesquieu à d’Alembert, au sujet de sa contribution à L’Encyclopédie. Ainsi s’explique facilement la fréquence des bouteilles de Muscat, de Malvoisie ou de Malaga dans les plus grandes caves bordelaises ou parisiennes[8], où elles étaient parfois les seules à être détaillées nommément par le priseur trop pressé. Celui qui avait rédigé un traité sur le goût[9] appréciait manifestement en connaisseur les boissons alcoolisées, son œil de voyageur ne nous trompe guère à ce sujet.

Montesquieu aimait se rendre dans les régions viticoles quand il voyageait, pour connaître les fruits du terroir. A peine revenu de son séjour d’un mois en Hongrie en juillet 1728, il écrivit successivement à Madame Lefranc de Brunpré et au Maréchal de Berwick pour leur confier qu’il a « beaucoup parlé latin et bu beaucoup de vin de Hongrie ». Rares sont les scènes d’excès sous la plume de Montesquieu, mais son penchant pour le Tokay paraît l’entraîner plus loin que d’ordinaire, en particulier lors de sa rencontre avec l’évêque de Csanad Na’dasdy, qui « me prit si fort en affection… qu’à force de me porter des santés[…] nous nous enivrâmes mutuellement »[10]. Comme le Malvoisie, le Tokay fait effectivement partie de ces découvertes de l’aristocratie qui le rapporta de ses voyages. Vin doux, sucré, titrant un fort degré alcoolique, ce qui explique les conséquences sur l’esprit de Montesquieu, il était également très apprécié de Voltaire qui en recevait régulièrement du comte Fekete[11]. Une mode était lancée, à tel point que ce vin de dessert figura à des prix prohibitifs sur les cartes des restaurants parisiens les plus huppés, au XIXe siècle. Les vins du Rhin attirent aussi l’attention de l’auteur des Lettres Persanes, mais il sembla avoir beaucoup plus de mal à s’exporter :  « Ces bords du Rhin sont charmants, la plupart couverts de vignobles qui valent beaucoup : car le vin du Rhin est cher dans le pays et vaut le double qu’il ne se vend dans la Guyenne »[12]. D’une manière générale, il ne traverse pas une région viticole sans la mentionner et il associe toujours la culture de la vigne à l’idée de campagnes opulentes et peuplées comme en Italie du Nord[13]. La vigne nécessitait une abondante population en raison des besoins en main-d’œuvre et les hauts revenus qu’elle apportait permettaient de la nourrir. Cette idée était très chère à Montesquieu, puisqu’on la retrouve dans L’Esprit des Lois, à l’occasion d’un parallèle entre les campagnes anglaises et leurs homologues françaises : « En Angleterre, on s’est souvent plaint que l’augmentation des pâturages diminuait les habitants, et on observe, en France, que la grande quantité de vignobles y est une des grandes causes de la multitude des hommes »[14]. On se trouve ainsi plongé dans le grand débat sur les enclosures qui agitait tant les agronomes de l’époque. Il est vrai que si plus personne ne croit aujourd’hui à la thèse développée par J. Habbakuk sur « la disparition du paysan anglais »[15], l’idée communément admise est que la grande propriété s’est renforcée et que, si la petite propriété paysanne n’a pas totalement disparu, elle a néanmoins décliné pendant toute l’époque moderne[16]. Au contraire, les régions viticoles françaises, comme le Médoc ou la côte bourguignonne, étaient effectivement très peuplées.

Si Montesquieu était tellement sensibilisé à la culture de la vigne dans ses pérégrinations européennes, c’est incontestablement parce que c’est un terrien qui ne manque pas une occasion de le rappeler dans ses Pensées :

« Ce qui fait que j’aime être à La Brède, c’est qu’à La Brède, il me semble que mon argent est sous mes pieds. A Paris, il me semble que je l’ai sur mes épaules. A Paris, je dis :  » Il me faut dépenser que cela ». A ma campagne, je dis :  » Il faut que je dépense tout cela » »[17].

Dans l’image du seigneur de La Brède, vêtu comme un gentilhomme campagnard portant un échalat sur l’épaule, il n’y a pas qu’un cliché, mais incontestablement une grande part de vérité. Le penseur bordelais sait qu’il tire l’essentiel de ses revenus de ses terres, et c’est pour cela qu’il consacra toute sa vie à les amender et à les mettre en valeur. Lui, qui aimait tant la compagnie des salonnières parisiennes est capable d’écrire à Madame Dupré de Saint-Maur :  « Je suis occupé ici à faire du nectar, le malheur est qu’Hébé ne le versera pas dans ma coupe ! »[18]. La figure mythologique évoquant la fille de Zeus qui servait à boire aux Dieux, sert ici à masquer de manière poétique les occupations du grand penseur. L’image qui doit, bien sûr, flatter la correspondante, était tout à fait courante à l’époque sous la plume des poètes, comme sous le pinceau des peintres, puisque Nattier peignit toute une série de portraits de jeunes femmes détenant une aiguière dans la main droite et une coupe de vin dans la gauche[19]. Pour rien au monde, fût-ce la compagnie d’une des femmes les plus agréables de Paris, Montesquieu n’aurait voulu manquer le rituel des vendanges. En cela, le lien qui le liait à la terre familiale restait très fort puisqu’il imitait tous ses collègues parlementaires qui séjournaient sur leurs terres du mois d’août jusqu’à la fin des vendanges. Dans un autre passage des Pensées, il souligne d’ailleurs avec beaucoup de force, l’importance et le charme de ce point culminant du calendrier agricole : « Outre le plaisir que le vin nous fait, nous devons encore à la joie des vendanges, le plaisir des tragédies et des comédies »[20]. D’une vendange réussie ou d’une petite année dépendait, en effet, la prospérité de toute une région et Montesquieu connaissait mieux que quiconque le caractère aléatoire de la récolte, toujours à la merci des gelées tardives, des étés pourris ou d’une averse de grêle sur le raisin doré par le soleil. Les propriétaires du Bordelais vivaient tous sous la menace des caprices du climat et ce n’est pas le hasard si la plupart des amis de Montesquieu tenaient des journaux météorologiques, dans lesquels séries de températures et mesures de pluviométrie étaient confrontés à l’évolution du cycle de la végétation. L’académicien Sarrau de Boynet nous a ainsi laissé de remarquables relevés qui permettraient de faire une véritable histoire du climat de la Guyenne, mais c’est bien au travers de la maturation du raisin qu’il s’intéressait au climat, avec ce type de mention : « La récolte ne pourrait guère être plus mauvaise, ni la disette plus considérable […] . Les vins sont excessivement verts, goût aigre, sans force, ni couleurs »[21]. Effectivement, en 1740, date de cette mention, la vendange fut très tardive et la récolte particulièrement catastrophique chez Sarrau à Bassens, sur le domaine de Pichon, comme chez son ami M. de La Brède. L’un comme l’autre avaient, en tout cas, compris la manne que pouvait représenter la vigne pour l’économie régionale et ils s’en firent les ardents défenseurs.

Montesquieu, défenseur de la viticulture régionale

Propriétaire viticulteur, Monsieur de La Brède ne pouvait qu’être impliqué dans le grand débat des plantations en vigne qui agita les élites bordelaises dans la première moitié du XVIIIe siècle. Depuis le rapport de Bazin de Bezons en 1698, le constat était alarmant aux yeux des intendants : il n’y avait plus assez de terres à blé pour nourrir Bordeaux, la faute en incombant aux grands propriétaires terriens bordelais, accusés de planter des ceps sur chaque parcelle de terre au détriment du blé, des fèves et des artichauts. Néanmoins, l’administration royale se trouvait devant un dilemme, car il lui fallait encourager la culture du blé, qui était l’aliment de base de la population, alors que la vigne était la richesse de la province. L’intendant Claude Boucher, ancien commissaire royal en Auvergne jusqu’en 1720, essaya de remédier à ce déséquilibre, qu’il ne faut d’ailleurs pas exagérer. En effet, étudiant la propriété foncière en Médoc, Paul Butel a montré que même dans l’épicentre de la production viticole, jamais la vigne n’avait été en situation de monoculture[22]. Il n’empêche, le nouvel intendant, soucieux de s’imposer, proposa une solution radicale : « Il faudrait arracher toutes les vignes plantées depuis 1709, dans tout le haut pays et dans la généralité de Bordeaux, à l’exception du Médoc, des Graves de Bordeaux et des Costes »[23]. Les terres les plus menacées étaient évidemment celles qui donnaient des vins de qualité moyenne, notamment les palus, or, les propriétaires considéraient que les terrains étaient complémentaires, ainsi que l’affirme Sarrau de Boynet, lui-même concerné :  « Ce sont les seules terres qui peuvent produire des vins capables de supporter les voyages longtemps tant par leur dureté que par leur forte couleur […]  On a quelquefois des cargaisons pour les Isles, de vin de Cahors mais bien des amateurs s’en sont refusés parce qu’à leur arrivée, ils se sont trouvés aigres, leur qualité n’est pas propre à soutenir la fatigue de la mer »[24].

Les propos de l’intendant déclenchèrent la colère des propriétaires, particulièrement chez les parlementaires, si bien que le Baron de La Brède et les frères Sarrau n’hésitèrent pas à braver l’autorité locale. Sarrau de Vésis acheta, de concert avec Montesquieu, une terre d’une trentaine de journaux non loin du château Haut-Brion, le 24 décembre 1726. Cédée pour dix écus d’argent de 6 livres chacun[25], elle pouvait rapporter une plus-value énorme, à condition d’être plantée en vignes. Montesquieu écrivit aussitôt à Lamoignon de Courson, alors conseiller d’État, et surtout prédécesseur de Boucher, pour solliciter son intervention :

« J’ai une pièce de landes dans la paroisse de Pessac assez près de Haut-Brion […] laquelle m’a été donnée à fief nouveau par Madame de Léger. Je voudrais en défricher une partie pour la planter en vigne. Le terrain est entièrement stérile et impropre à tout autre usage, c’est-à-dire que, pour quelque autre usage que je la misse en valeur, je n’en retirerais pas mes frais […] Il est, je crois utile de me donner permission de planter un fonds qui est de même nature que ceux qui produisent un vin d’un très grand prix »[26].

C’était, bien sûr,  passer par-dessus la tête de Boucher qui comprit aisément l’affront. Il s’ensuivit une très vigoureuse polémique, marquée, notamment, au début de 1727, par un « Mémoire contre l’arrêt du Conseil du 27 février 1725 portant défense de faire des plantations en vignes dans la généralité de Guyenne ». Montesquieu développait son argumentation en six points et il s’efforçait de démontrer que la variété de ses terroirs faisait de la Guyenne une région faite pour la vigne. Il insistait en particulier sur la nécessité de ne pas se laisser distancer, sur les marchés du Nord, par les producteurs italiens, portugais, voire rhénans. Saisi de l’affaire par le contrôleur général, le 27 avril 1727, Boucher, nullement impressionné par la célébrité de son adversaire répliqua avec insolence :

« Le placet présenté par le sieur de Montesquieu est  contraire au bien de la province et du royaume. Comme le sieur de Montesquieu a beaucoup d’esprit, il ne s’embarrasse pas de traiter des paradoxes, et il se flatte qu’à la faveur de quelques raisons brillantes, il lui sera facile de prouver les choses les plus absurdes. Il n’a d’autres occupations que de chercher des occasions d’exercer son esprit »[27].

Et l’intendant concluait en démontrant que Montesquieu avait en réalité changé d’avis depuis l’acquisition de ses nouvelles terres. Finalement, le seigneur de La Brède eut gain de cause, et il planta ses vignes, mais il faut élargir le débat, car l’affrontement n’était bien qu’un épisode dans la longue lutte qui opposa, durant tout le siècle, les magistrats de Bordeaux et d’ailleurs au pouvoir central. Certes, Montesquieu défend la liberté de planter des propriétaires bordelais, mais il  défend plus globalement les libertés de la province contre les intrusions du représentant du pouvoir central. L’affaire de 1726 n’est qu’une escarmouche contre l’intendant honni et Montesquieu ne s’en cache pas ; ce qu’il refuse d’abord, c’est l’autorité d’un étranger qui ignore les réalités régionales : « On conçoit aisément que tous ces changements ne peuvent être l’affaire d’un intendant ; outre que presque toujours il n’y entend rien, n’étant pas du pays, il ne peut pas faire tout cela lui-même »[28]. On ne saurait être plus clair… Mais l’affrontement prit aussi une tournure nettement personnelle : « Je disais de l’intendant Boucher : Je veux bien que l’on donne la toute-puissance aux intendants ; mais si l’on en fait des Dieux, il faut au moins, les choisir parmi les hommes, non parmi les bêtes »[29]. Pour Montesquieu, comme pour Sarrau de Boynet[30], le spectre de la disette pouvait être facilement conjuré par un recours au commerce qui compléterait les récoltes déficitaires. Ils ne voyaient donc, dans la décision de l’intendant Boucher, qu’une manifestation de l’arbitraire portant atteinte à la propriété de leur sol. Leurs remontrances visaient plus une législation répressive que ses résultats effectifs, qui furent, au demeurant, assez médiocres.

« Je fais mes vendanges ; imaginez-vous que toute ma fortune dépend de trois jours de beau soleil »[31] : M. de La  Brède au milieu de ses vignes

Au détour d’une lettre adressée à Madame Dupré de Saint-Maur, Montesquieu soulignait avec verve que la bonne santé de sa fortune dépendait de la récolte viticole. Effectivement, s’il s’était fait le défenseur intransigeant des propriétaires du vignoble, c’était bien parce qu’il était lui-même particulièrement concerné par la nouvelle législation. Ses vignobles de Rochemorin, paroisse de Martillac et de Raymond ou Ramonet, paroisse de Baron, dans l’Entre-Deux-Mers, faisaient sa fierté. Ils s’étendaient respectivement, sur 240 journaux environ, soit plus de 76 hectares, et 152 journaux, soit près de 60 hectares. Sur le domaine de La Brède, la superficie viticole était de 11 hectares pour un domaine dix à quinze fois supérieur, mais où les Landes recouvraient de vastes superficies[32]. Son patrimoine foncier comprenait encore dix-huit métairies ou borderies ; six d’entre elles étaient localisées à La Brède et à Saint-Morillon ; les douze autres se répartissaient  dans l’Entre-Deux-Mers à Baron, Saint- Quentin de Baron et Nérigean. En Agenais, il avait hérité de la terre ancestrale de Montesquieu ; le château était désormais ruiné, mais les soixante-dix hectares de terre produisaient un vin qui était distillé pour la fabrication de l’Armagnac. Dans la même région, son oncle Jean-Baptiste lui avait légué les seigneuries de Goulard et de Castelnoubel, sur lesquelles on cultivait du tabac[33]. Enfin, à Clairac, les terres qui provenaient de son épouse Jeanne de Lartigue, étaient aussi largement couvertes de ceps de vignes, car le vignoble du haut-pays n’avait pas cessé de s’accroître en dépit des plaintes réitérées des intendants[34]. Monsieur de La Brède était bien un grand propriétaire terrien, ce qui explique que sa fortune dépassait largement le demi-million de livres.

Pour mieux apprécier la place de la vigne sur les propriétés, les inventaires après décès dressés en 1755 constituent une source précieuse, car ils mentionnent le capital d’exploitation[35]. Les vaisseaux vinaires du domaine de Rochemorin à Martillac, ne laissent planer aucun doute sur sa vocation. Dans le cuvier, cinq cuves pouvaient écouler de 33 à 40 tonneaux de vin rouge et blanc ; dans le chai neuf, cinq autres cuves voisinaient avec deux foudres de vingt barriques chacun. Six pressoirs garnis, installés dans un autre chai, confirment que nous avions affaire à une très grosse exploitation des Graves de Bordeaux. A Raymond, dans l’Entre-Deux-Mers, deux chais et deux cuviers étaient en mesure de recevoir plus de 500 barriques. Au lendemain  de la mort du philosophe, 387 barriques de rouge et une centaine de blanc attendaient que les négociants bordelais, auxquels elles avaient déjà été vendues, viennent les chercher. Comme dans toutes les propriétés de l’Entre-Deux-Mers, la vocation polyculturale était nettement affirmée avec d’importantes superficies emblavées en blé froment, puisque les greniers en contenaient 364 boisseaux au moment du décès, contre 27 boisseaux de blé d’Espagne seulement. La surprise proviendrait plutôt de l’importance du bétail ; dans une région où l’élevage restait souvent médiocre, les seuls animaux étant la plupart du temps des animaux de traction pour les travaux agricoles. Le cheptel s’élevait en effet à 52 bovins et 590 brebis dans les domaines de La Brède et Saint-Morillon, ce qui corrobore que Montesquieu avait su tirer parti des vastes zones de landes que comportait son domaine. Dans ses douze métairies de l’Entre-Deux-Mers, le notaire dénombra également près de 300 ovins, 45 bêtes à cornes, 5 chevaux et 16 porcs, ce qui confirme pleinement cet intérêt très personnel pour l’élevage.

La mise en valeur de tels domaines nécessitait donc une présence assez régulière du maître de maison, même s’il sut toujours s’entourer d’hommes de confiance, comme le notaire Latapie à La Brède. Lors de ses fréquents séjours parisiens, Jeanne de Lartigue, qui s’occupait aussi de ses biens clairacois, était également tout à fait capable de surveiller les opérations culturales et elle disposait de la procuration de son époux pour signer les actes notariés. Les très nombreux contrats conclus chez les notaires et relevés par J.-M. Eylaud témoignent d’ailleurs d’une volonté systématique d’agrandir les propriétés. A La Brède, il passa en effet quarante et un actes d’achat, six de vente et vingt échanges qui ne représentaient la plupart du temps que quelques centaines de livres, mais qui rationalisaient le domaine[36]. Dans le quotidien de la seigneurie, Montesquieu était un seigneur protecteur qui n’hésitait pas à  ouvrir ses greniers en cas de disette, ce qui ne l’empêchait pas « de se montrer intraitable dans le paiement de son dû »[37] et de saisir la justice contre le moindre récalcitrant.

Bien évidemment, la personnalité de Montesquieu gentleman farmer intrigue, et l’on se demande dans quelle mesure il chercha à adopter sur ses terres les nouveautés de l’agronomie tellement en vogue parmi les Lumières. Peu d’indices dans sa correspondance permettent réellement de le penser, à la différence de son fils, Jean-Baptiste Secondat, qui laissa de nombreuses dissertations sur le sujet[38]. Montesquieu rédigea cependant en 1726 un questionnaire sur la culture de la vigne, comprenant 29 questions sur les cépages, la taille et les soins à apporter, qui se présentait comme une véritable enquête, destinée à être diffusée à tous les propriétaires de la région[39]. Les questions du Président à mortier sont le signe d’une viticulture qui se cherchait et qui multipliait les expériences. Le dilemme de base était de planter en vin blanc ou en rouge, si bien que la plupart des propriétaires, refusant de choisir, cultivaient les deux. De même, Montesquieu semblait s’intéresser aux cépages et à la qualité de la terre, ayant conscience de l’existence de rendements différents. Il cherchait à saisir les mécanismes pour fabriquer des crus de meilleure qualité, il se préoccupait de la conservation et des prix, avec déjà, sous-jacente, la notion de grand millésime. Une lettre envoyée à l’abbé Guasco confirme d’ailleurs pleinement qu’il avait une notion assez claire de la qualité à rechercher :

« J’ai envoyé le tonneau de vin à Milord Eliban, que vous m’avez demandé pour lui.[…] Vous pouvez lui mander qu’il pourra le garder tant qu’il voudra, même quinze ans s’il veut ; mais il ne faut pas qu’il le mêle avec d’autres vins et il peut être sûr qu’il l’a immédiatement comme je l’ai reçu de Dieu : il n’est pas passé par les mains des marchands »[40]

L’idée du vieillissement apparaît ici très nettement, alors que les millésimes de plus de deux ou trois ans d’âge restaient très rares dans les caves de l’élite de l’époque[41]. De même, le baron de La Brède était résolument hostile au coupage et à l’intervention du négoce, visiblement suspecté de trafiquer la production. Dans les autres secteurs agricoles, Montesquieu apparaît comme curieux du progrès, en particulier quand il correspond avec son ami Guasco, auquel il demande, par exemple, de lui rapporter du trèfle des Flandres[42]. Soucieux de se perfectionner, il aurait aimé le faire venir à La Brède pour profiter de ses lumières :

« Vous devriez bien revenir par la France méridionale ; vous trouverez votre ancien laboratoire et vous me donnerez de nouvelles idées sur mes bois et mes prairies. La grande étendue de mes landes vous offre de quoi exercer votre zèle pour l‘agriculture : d’ailleurs j’espère que vous n’oubliez pas que vous êtes propriétaire de cent arpents de ces landes, où vous pourrez remuer la terre, planter et semer tant que vous voudrez »[43].

Comme ses collègues du Parlement de Bordeaux propriétaires dans les Landes, Amanieu de Ruat ou Verthamon, il cherchait à améliorer la mise en valeur de ce désert humain. Il était aussi animé d’un souci permanent de rentabilité, sa volonté de commercialiser dans les meilleures conditions sa production viticole le prouve.

Être producteur de vin et philosophe, un atout pour la commercialisation

L’ancien adversaire de l’intendant Boucher était en réalité un ardent partisan de la liberté dans tous les domaines : liberté de planter comme liberté de vendre en dehors de toutes les taxations, de tous les impôts qui handicapaient les producteurs. Dès les Lettres Persanes, il avait stigmatisé les droits prohibitifs qui pesaient sur le commerce du vin à Paris :

« Le vin est si cher à Paris, par les impôts que l’on y met, qu’il semble qu’on ait entrepris d’y faire exécuter le précepte du divin Alcoran qui défend d’en boire »[44].

En Bordelais, seuls les quatre plus grands châteaux (Margaux, Latour, Lafite et Haut-Brion) pouvaient, dans les vins rouges, dépasser les 1500 livres, voire 2000 livres le tonneau. Le tonneau de Graves s’écoulait entre 250 et 300 livres, alors que celui qui provenait du domaine de Raymond trouvait acquéreur autour de 180 livres. En fait, il est certain que la célébrité du propriétaire l’aidait à obtenir des débouchés pour sa production car, un peu comme aujourd’hui, le vin des gens connus et reconnus se vendait mieux que celui de l’anonyme vigneron. Ses relations parisiennes lui avaient ouvert l’accès au marché de la capitale dont il ne se privait pas, par ailleurs, de dénoncer les goûts de luxe. C’est ainsi que le président Hénault passait commande à son collègue bordelais, le 4 novembre 1748 :  « On dit, mon cher confrère, que l’année est admirable. Je me recommande à vous avec instance, et je vous prie de m’ordonner une pièce de vin, si grande qu’elle puisse être, et toute la meilleure. Je vous promets de vous attendre pour l’entamer : non alia bibam mercede »[45].

Montesquieu avait parfaitement compris le parti qu’il pouvait tirer de ses réseaux aristocratiques et de ses voyages qui lui permettaient de pénétrer sur les marchés étrangers, particulièrement anglais. Dans cette voie, il suivit l’exemple pionnier du premier Président Arnaud de Pontac qui, autour de 1666, avait envoyé son fils à Londres pour faire connaître son cru de Haut-Brion. Tous les parlementaires bordelais avaient perçu l’intérêt du marché anglais, mais l’atout de Montesquieu était de disposer de relais comme Madame de Mirepoix, qui accompagnait son mari nommé ambassadeur à Londres en 1749, avec l’intention de servir de commissionnaire au baron de La Brède : « J’espère que nous y mettrons le vin de La Brède à la mode ; ce sera ma seule affaire et je vous réponds que je m ‘en acquitterai bien »[46]. Certains témoignages, comme celui de Lord Balkeley[47] prouvent que Montesquieu envoyait son vin dans toutes les Îles britanniques, y compris vers l’Irlande, et il faisait d’ailleurs lui-même le lien entre l’augmentation de ses commandes et la publication de L’Esprit des Lois :

« J’ai reçu d’Angleterre la réponse pour le vin que vous m’avez fait envoyer à Milord Elibank, il a été trouvé extrêmement bon. On me demande une commission pour quinze tonneaux, ce qui fera que je serai en état de finir ma maison rustique. Le succès que mon livre a eu dans ce pays-là contribue, à ce qu’il paraît, au succès de mon vin »[48].

Les commandes en provenance d’Outre-Manche semblent s’accumuler sur la fin de la vie de Montesquieu, confirmant ses dires, et l’une des plus importantes est certainement celle contenue dans une lettre d’un Écossais, le comte de Morton :

« J’ai eu récemment l’occasion de voir un gentleman qui m’a dit avoir goûté du très bon vin rouge provenant de vos vignobles, vin que vous aviez envoyé à Lord Elibank , et, comme je trouve très difficile, sinon impossible de me procurer du vin pur et sans mélange, dès qu’il a passé par les mains d’un marchand de vins, je vous serais infiniment obligé d’ordonner à la personne qui dirige votre cellier de m’envoyer huit barriques du meilleur vin rouge de vos dernières vendanges […] Le vin doit être tout soutiré et mis en doubles futailles, parce que les capitaines et les matelots sont très capables de falsifier les vins qu’ils savent destinés à la consommation des particuliers, et les marchands les encouragent à ces pratiques malhonnêtes »[49].

Alors que les dénonciations des tromperies et autres falsifications abondent au XIXe siècle, les témoignages en ce sens sont plutôt assez rares au siècle précédent, ce qui en fait toute la valeur. Comme Montesquieu, Morton met en cause le transport, mais aussi les pratiques du négoce, alors que l’on avait plutôt, jusque là, l’impression d’une atmosphère consensuelle, d’une complémentarité entre châtelains et marchands, la dégradation des rapports ne survenant qu’après la Révolution. D’autres témoignages dans les correspondances privées sont donc désormais nécessaires pour préciser les liens qui unissaient les élites bordelaises. En tout état de cause, fort de sa célébrité, l’auteur de L’Esprit des Lois n’eut jamais de mal à trouver des acheteurs pour sa production, sauf au moment des conflits, en particulier de la guerre de succession d’Autriche, ce qui confirme bien qu’il dépendait de l’exportation.

« Le vin, par la  joie qu’il inspire, favorise l’intempérance et, nous ramenant insensiblement vers lui-même, fait renaître nos débauches ou du moins notre goût »[50], écrivait Montesquieu, car pour lui, le vin faisait partie d’un art de vivre, il était indispensable à la convivialité, il se savourait entre amis ou entre confrères académiciens, il était le symbole d’une région et d’une conception épicurienne des rapports humains. En réalité, Montesquieu n’est qu’un exemple célèbre de l’adéquation qui pouvait exister entre une plante, une forme de mise en valeur et une catégorie sociale. Le Parlement de Bordeaux n’avait pas le monopole des prises de position en faveur de la qualité viticole. C’est à la même époque que les parlementaires bisontins se firent ampélographes par leur célèbre arrêt de 1731 et par leur liste des cépages nobles de 1732, qui prouvaient une parfaite compréhension des spécificités d’un terroir difficile qu’ils  souhaitaient orienter vers une mutation qualitative[51]. Plus à  l’ouest, la propriété ecclésiastique est bien connue sur la côte bourguignonne au travers de clos réputés, comme le clos Vougeot, mais on s’aperçoit très vite que la propriété aristocratique n’avait rien à lui envier : le prince de Conti avait acquis La Romanée en 1760 et de nombreux crus célèbres étaient depuis plusieurs générations entre les mains des parlementaires dijonnais. Grâce à l’action des robins, les techniques s’amélioraient notamment avec la technique du coupage et l’allongement des cuvaisons, comme en Bordelais. En fait, les nobles cultivaient l’art de la viticulture à chaque fois que les terroirs étaient favorables au progrès de la qualité et que les débouchés à l’exportation étaient assurés. Pour ne pas l’avoir saisi, l’intendant Boucher se heurta assez maladroitement au plus célèbre magistrat bordelais qui, par sa verve stylistique, sut transformer une mesure assez modérée en signe de l’arbitraire et du despotisme ministériel. Cette liaison entre viticulture et noblesse mérite en tout cas d’être développée au niveau de tous les vignobles, dans tous les pays. Vin liquoreux, qui n’est pas sans rappeler le Sauternes, le Tokay avait tout pour attirer les investissements de la noblesse hongroise. Teleki parle souvent de son vin dans sa correspondance, les caves de Rakoczi sont des modèles à flanc de coteau dans le Tokay, ici ou là, des étiquettes portent le souvenir d’une présence nobiliaire. Ce ne sont certes, que de simples indices qu’il reste à transformer en études concrètes sur la mise en valeur du vignoble hongrois.

Michel Figeac

Université Michel de Montaigne

Bordeaux III

 

[1]. L’expression est employée par Montesquieu en personne.

[2]. Cité par Méaudre de Lapouyade « Impressions d’une Allemande à Bordeaux en 1785 », Revue historique de Bordeaux, 1911, p. 256.

[3]. Montesquieu, Correspondance, édition F. Gibelin, Bordeaux, Gounouilhou, 1914, p. 403

[4] . A.D Gir., 3E   , Latapie, le 1er mai 1755.

[5].  Montesquieu, Correspondance,  Bordeaux, Gounouilhou, 1914, lettre de juillet-août 1721, p. 16.

[6].  Montesquieu, Correspondance, édition F. Gibelin, Bordeaux, Gounouilhou, 1914, t.II, p. 452.

[7]. Ibid., t. II, p. 492.

[8]. J.-P. Poussou et E.-L. Seguet, « Les caves à vin des Parisiens à l’époque du consulat », dans Des vignobles et des vins à travers le monde, Hommage à Alain Huetz de Lemps, Presses universitaires de Bordeaux, P.U.B., p. 331-351.

[9] . Montesquieu, Essai sur le Goût dans les choses de la nature et de l’Art, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1951, t.II, p. 1940. Ce traité n’envisage cependant pas le problème du vin.

[10]. Œuvres complètes de Montesquieu, t. 18, Société Montesquieu, Voltaire foundation, Oxford, Istituto Italiano per gli studi filosofici, Napoli et Istituto della enciclopedia italiana, Roma, 1998, Montesquieu à Madame Lefranc de Brunpré, le 26 juin 1728 et Montesquieu à Jacques Fitz-James, maréchal de Berwick, le 2 juillet 1728, p. 338-339. Dans cette dernière lettre, il rapporte son dialogue avec Mr Nadasti : « Il me disait toujours : Veni mecum Belgradium, habeo bonos equos qui nec denarium tibi constabunt et moi je lui répondais : Vestra Reverentia tam bene bibit ut me occideret prima die ». Ce qui signifie : « Viens avec moi à Belgrade, j’ai de bons chevaux qui ne te coûteront pas un denier […]Votre révérence a tant bu qu’elle me tuerait le premier jour ». L’évêque est Ladislas Na’dasdy (1661-1729) et non Nadasti comme l’orthographie Montesquieu, il détient bien le siège de Csanad et non de Belgrade, comme il l’affirme de manière erronée.

[11]. Le comte Fekete en envoya à Voltaire pour que celui-ci corrige ses poésies . On trouve dans sa correspondance ce type d’appréciation, bien dans l’esprit ironique du maître de Ferney ; « Je reçus bien, Monsieur le Comte, vos vers qui m’étonnent toujours ; votre belle apologie des chrétiens qui en usent avec les Dames beaucoup plus honnêtement que les musulmans ; et votre vin de Hongrie dont je viens de boire un coup malgré tous mes maux et qui est après vos vers et votre prose ce que j’aime le mieux ». (A. N. Hongrie, Fekete Család, E 584, 53, f°537)

[12]. Montesquieu, Voyages, Paris, Gallimard, édition de La Pléiade, p. 832.

[13]. Ibid., p. 617.

[14]. Montesquieu, De l’Esprit des Lois, Livre XXIII, chapitre 14, Paris, Gallimard, La Pléiade, t.II, p. 691.

[15]. H.-J. Habbakuk, « La disparition du paysan anglais », Annales E.S.C., 1963, p. 649.

[16]. Voir à ce sujet la mise au point de J.-M. Chevet, La terre et les paysans en France et en Grande-Bretagne du début du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle, Paris, éditions Messene, 1998, chap. 2, p. 39.

[17]. Montesquieu, Mes Pensées, Paris, édition de La Pléiade, 1949, t.I, p. 983.

[18]. Montesquieu, Correspondance, op. cit ., p. 487. Madame Dupré de Saint-Maur était la mère du futur intendant de la généralité de Guyenne.

[19]. C’est ainsi qu’entre 1738 et 1754, Charlotte-Louise de Rohan-Guéménée, Madame de Caumartin, Anne-Josèphe Bonnier de la Mosson, duchesse de Chaulnes, Louise-Henriette de Bourbon-Conti furent représentées.

[20]. Cité par E. de Perceval, Montesquieu et la vigne, Bordeaux, Delmas, 1935, p. 131.

[21]. B. M. Bx, ms 828/16, mic 352/8. Relevés météorologiques pour les années 1740-1743 par rapport à la vigne. Le conseiller à la Cour des Aides de Navarre et le clairacois Durfort de Vivens, également très proches de Montesquieu tenaient leurs propres relevés, mais ceux-ci sont conservés de manière plus fragmentaire.

[22]. P. Butel, « Grands propriétaires et production des vins du Médoc au XVIIIe siècle », dans Revue historique de  Bordeaux, 12, 1963, p. 129-141.

[23]. A. D. Gironde, C 1437, Mémoire rédigé par l’intendant Boucher, le 10 décembre 1724.

[24]. B. M. Bx, ms 828/16, mic 352/8, Mémoire sommaire sur le projet d’arracher les vignes dans la province de Guyenne, 1745.

[25]. A. D. Gir., 3 E 3504, le 24 décembre 1726, Contrat d’achat de la terre de Pujeaux.

[26].Correspondance de Montesquieu, op. cit., Montesquieu à Lamoignon de Courson, décembre 1726, t.I, p. 186.

[27]. A. D. Gir., C 1624, Lettre de Boucher au Contrôleur général.

[28]. Rapporté par E. de Perceval, op. cit., p. 27.

[29]. Rapporté par R. Schackleton, Montesquieu, biographie critique, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1977, p. 162.

[30]. Vingt ans plus tard, Sarrau de Boynet tirait les conséquences de l’arrêt de 1725 en ces termes :  « Le Quercy, le Languedoc, la Saintonge, le Pays d’Aunis et le Poitou couvrirent aussitôt leurs terres à blé de nouveaux vignobles. L’Espagne et le Portugal firent de même, et les Anglais envoyèrent des hommes à Lisbonne qui. apprirent aux Portugais à faire le vin à la manière des Français », B. M. Bx ms 828/16, mic 352/

[31].  Montesquieu, Correspondance, op. cit., Lettre à Madame Dupré de Saint-Maur, le 18 octobre 1751, p. 382.

[32]. F. Cadilhon, Montesquieu ou l’ingrate réalité du quotidien bordelais, Mont-de-Marsan, éditions universitaires, 1996, p. 78.

[33]. L. Desgraves, Montesquieu, Paris, éditions Mazarine, 1986, p. 87.

[34]. Sur le vignoble de Clairac, voir l’article de Claude Martin, « Les structures foncières et sociales du vignoble de Clairac en 1767 », dans Vignobles et vins d’Aquitaine, Bordeaux, Fédération Historique du Sud-Ouest, 1970, p. 135-173.

[35]. L’inventaire dressé par le notaire Latapie a été publié dans le livre de J.-M. Eylaud, Montesquieu chez ses notaires de La Brède, Bordeaux, Delmas, 1956, p. 139-190.

[36]. J.-M. Eylaud, op. cit., p.97.

[37]. F. Cadilhon, op. cit., p. 76.

[38]. Elles sont conservées pour la plupart dans le fonds de La Brède à la Bibliothèque municipale de Bordeaux. Sur la vigne, voir en particulier le manuscrit 2695.

[39]. Il est reproduit dans E. de Perceval, op. cit., p.79-81. Il se présente ainsi :
« 1° Quelle est la manière de tailler la vigne, et quel temps ?
2° Celle de l’ouvrier et de quelle œuvre ?
3° Celle de la culture à bras et de quelle œuvre ?
4° Combien lui donne-t-on de labours ? et en quel temps ?
5° De quelle hauteur on la laisse ?
6° Combien de flèches à chaque cep et combien d’yeux on laisse à chaque flèche ?… »

[40]. Montesquieu, Correspondance, op. cit., lettre de Guasco du 16 mars 1752, t.II, p. 425.

[41]. Les vins rouges vieillissaient mal, à la différence de certains blancs liquoreux. Par exemple, dans les chais d’Yquem, on découvre en 1810, des millésimes datant de 1753.- Voir M. Figeac-Monthus, Les Lur Saluces d’Yquem de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle, Bordeaux, Mollat, 2000, p. 159.

[42]. Montesquieu, Correspondance, op. cit., lettre de Guasco du 16 mars 1752, t.II, p. 425.

[43]. Ibid., t. II, lettre à Guasco du 9 avril 1754, p. 521.

[44]. Montesquieu, Les Lettres Persanes, Paris, Gallimard, éd. De La Pléiade, t.I, 1949, p. 178.

[45]. Montesquieu, Correspondance, op. cit., t. II, p. 64-65. Le vers latin est extrait d’Horace, Odes, I, 27.

46. Ibid., t.II, p. 163.

[47]. Montesquieu, Correspondance, op. cit., t. I, p. 317. Lettre du 24 octobre 1734 à Lord Balkeley. Il lui écrit : »Pour votre serviteur, il est occupé à dépêcher son vin dans  le royaume d’Irlande, aux habitants duquel il prie Dieu d’augmenter la soif ».

[48]. Ibid., t.II, p. 442.

[49]. Ibid., t. II, p. 538-540.

[50]. Cité par L. Desgraves, op. cit., p. 76.

[51]. Voir à ce sujet M. Figeac, Noblesse bordelaise, noblesse d’Aquitaine, noblesse française, Mémoire pour l’obtention de l’habilitation à diriger des recherches, dactyl. Université de Paris IV, 2000.