Prix Montaigne 2005
C’est avec un vif plaisir qu’avec M. le Député Maire Hugues Martin, nous accueillons aujourd’hui Maître François Cheng et Monsieur Michel Winock.
Il est émouvant de réaliser que nous sommes reçus ici, dans cet hôtel particulier de la famille Kerkado, aujourd’hui propriété de la famille Mähler-Besse et qui par ailleurs, habite le Château de Michel de Montaigne.
Permettez-moi en notre nom à tous de remercier Mme Henri Mähler-Besse qui est parmi nous et son fils Franck, membre de notre Académie, pour leur amicale hospitalité.
La ville de Bordeaux a ceci de particulier qu’elle réunit sous un même nom celui de la cité et celui du vin, unis sous le même vocable.
Cité et vin cheminent ensemble depuis plus de 2000 ans apportant de par le monde les bienfaits au corps et à l’esprit.
Oui, le Bordeaux de Montaigne est une ville fidèle à ses traditions.
Celle de l’esprit et celle de l’humanisme, celle des Essais, car Bordeaux est un port qui invite aux voyages et qui est ouvert aux idées nouvelles.
Après avoir participé à la Fronde sous Louis XIV, Bordeaux s’est enthousiasmé pour les réformes nécessaires initiées par Montesquieu qui inspirèrent les Girondins.
Et que dire de cette noblesse -parlementaires, magistrats et juristes-, et de ses grands bourgeois et viticulteurs soucieux de servir leur cité et en même temps soucieux de leur vignoble, des progrès de cette culture « là », gage de la qualité de leurs vins.
Nous pensons aux Ségur, aux Pontac, aux Rauzan, aux Pichon Longueville, aux Nayrac, à Louis Gaspard d’Estournel et à tant d’autres dont les archives nous livrent maintes précisions sur les périodes tumultueuses qu’ils ont traversées et sur le rôle important qu’ils ont joué dans la vie économique de la cité et dans l’évolution de la pensée humaniste.
Oui, cette ville active, turbulente et frondeuse a manié non seulement les marchandises mais aussi les idées, menant de front son art de vivre et les activités de son négoce.
A Bordeaux donc, les activités économiques et la vie littéraire ont toujours été intimement liées dans une pensée humaniste tournée vers la modernité. On pense à Jean de La ville de Mirmont et à François Mauriac.
C’était hier.
Aujourd’hui, notre Académie du Vin de Bordeaux veut demeurer fidèle à cette tradition à travers la qualité de ses vins qui sont les ambassadeurs de Bordeaux. Notre ancien préfet, Gabriel Delauney, nous a laissé cette phrase exquise :
« Il y a une civilisation du vin, celle où les hommes veulent se connaître afin de ne pas se combattre. »
Notre Académie regroupe donc:
- ceux qui font les grands vins, les producteurs
- ceux qui les vendent, le négoce
- ceux qui nous conseillent, universitaires et œnologues
- ceux qui les aiment et qui transmettent notre culture
Ces vins, l’Académie est heureuse de vous en offrir. Ils vous permettront de prolonger la cérémonie d’aujourd’hui en les partageant avec vos amis car partout dans le monde, le beau vin rassemble les hommes.
Le jury, sous la présidence de Jacques Rigaud, est composé d’universitaires, de représentants de la Mairie et des membres de notre Académie.
C’est ainsi que nous nous trouvons aujourd’hui réunis autour de :
Michel Winock
Et de François Cheng
parce que nous avons aimé leurs ouvrages dans la tradition humaniste qui est la nôtre, redonnant sa juste place à l’homme juif et à tout homme dont l’accomplissement « n’est pas en soi mais en avant de soi ».
Reprenant l’image de François Cheng comme le fleuve dont l’écoulement sans fin est sans retour, dans ces deux œuvres passe un souffle bienfaisant.
Monsieur Winock et Monsieur Cheng, nous vous remercions pour ces messages.
May-Eliane de Lencquesaing
Grand Chancelier de l’Académie du Vin de Bordeaux
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PRIX MONTAIGNE
Dotations aux lauréats
Prix Montaigne 2005
décerné à Michel Winock
pour son ouvrage : « La France et les juifs, de 1789 à nos jours »
Château de Fieuzal blanc 1990
Domaine de Chevalier blanc 1996
Château Smith Haut Lafitte blanc 1998
Château Haut-Brion rouge 1985
Château Malartic-Lagravière rouge 1990
Château Coufran 1996
Château Fonréaud 1995
Château Lanessan 1995
Château Rauzan-Ségla 1995
Château Brane-Cantenac 1999
Château Poujeaux 1999
Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande 1995
Château Cos-Labory 1996
Château Branaire-Ducru 1986
Château Gloria 1989
Château Gazin 1998
Château Beauregard 1999
Château Dassault 1989
Château Canon-La-Gaffelière 1996
Château Nairac 1983
« Prix spécial du Jury 2005 »
décerné à Maître François Cheng
pour son ouvrage « Le livre du vide médian »
Château Latour Martillac blanc 1995
Château Larrivet-Haut-Brion blanc 2001
Château La Louvière rouge 1998
Château Rauzan-Ségla 1989
Château Lanessan 1995
Château Mouton Rothschild 1994
Château Lynch-Bages 1995
Château Pontet-Canet 1995
Château Cos-Labory 1996
Château de Malle 1990
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Monsieur Hugues Martin, Député Maire de Bordeaux
Madame le Grand Chancelier de l’Académie du Vin,
Monsieur le Président du jury,
Maître François CHENG,
Monsieur Michel WINOCK,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C’est un grand honneur pour moi de remettre avec Madame de LENCQUESAING le Prix Montaigne 2005 décerné par la Ville de Bordeaux et l’Académie du Vin de Bordeaux.
C’est un grand bonheur de voir récompenser par ce prix, et par un prix spécial cette année, deux grands intellectuels de notre pays.
Vos œuvres respectives, Chers Messieurs, donnent tout son sens à ce prix littéraire,
dans sa défense des valeurs, aussi fondamentales de nos jours qu’elles l’étaient au temps où mon lointain prédécesseur à la Mairie de Bordeaux écrivait « les Essais ».
Ces valeurs ont pour noms : tolérance, souci de la compréhension des autres, refus de tous les fanatismes, combat contre les aveuglements partisans, sens de l’universalisme aussi.
Le prix Montaigne est là pour rappeler cette exigence première, de préserver les principes qui fondent et constituent la dignité de l’homme face aux forces obscures de la négation, de la confrontation et de l’oubli.
Bordeaux, pour des raisons diverses, a toujours été une ville de raison et d’équilibre, une ville de culture et d’ouverture, accueillante à ce qui vient d’ailleurs.
Que ce prix soit dédié à Montaigne, qu’il soit décerné par un jury bordelais, répond bien à cette ville de littérature qu’est Bordeaux.
La qualité et le succès de l’Escale du livre qui a fermé ses portes hier soir, après trois jours de fête du livre, vient aussi nous le rappeler.
Je ne peux m’empêcher de penser, avec émotion et tristesse, dans ce moment de bonheur, à la journaliste Florence HAUBENAS dont le jury de ce prix Montaigne avait sélectionné en 2003, le livre « Sur le vif », publié aux éditions La Découverte.
L’acte de barbarie qu’elle subit actuellement confère un caractère hautement symbolique à ce prix qui cherche à promouvoir, pour notre temps, l’ouverture et la liberté d’esprit, ainsi que l’humanisme sans frontières qui furent ceux de Michel de Montaigne.
Monsieur Jacques Rigaud, à qui je vais laisser la parole, va nous entraîner au cœur des deux œuvres primées.
Je voudrais simplement mais très chaleureusement vous remercier, Monsieur Michel WINOCK, et Maître François CHENG, d’être là parmi nous pour recevoir cet hommage.
Je remercie l’Académie du Vin qui œuvre si utilement au mariage de la culture et du vin et va vous doter des flacons les plus prestigieux de notre terroir.
En vous présentant Messieurs, l’expression de mon profond respect et de mon admiration pour vos oeuvres, je passe la parole à Monsieur le Président Jacques Rigaud.